Le design, c'est quoi ?

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Nouveau parcours au musée des arts décoratifs : regards croisés entre le passé et l'avenir

Je vous emmène aujourd’hui déambuler dans cette belle exposition, proposée par le musée des arts décoratifs de Paris , intitulée « Parcours, mode, bijoux design » qui se tient jusqu’au 10 novembre 2024.

Le musée des Arts décoratifs propose une exposition inédite qui se tient  dans les galeries permanentes dédiées au design du XXe siècle jusqu'à nos jours.

Vous y découvrirez des pièces de haute couture, de prêt-à-porter, de joaillerie et de bijoux fantaisie. Entre la mode, les créateurs de bijoux un dialogue s’installe avec des figures majeures du design comme Ettore Sottsass, Ron Arad, Philippe Starck et les frères Campana. Cette présentation permet également de découvrir les nouvelles acquisitions dans ces trois domaines.

Imaginez-vous, voyageur chanceux, pénétrant dans le plus éblouissant des cabinets des merveilles. Vous voilà convié à un grand bal surréaliste où l’extravagance et le luxe se mêlent dans une danse envoûtante.

Des silhouettes majestueuses et des ornements évoquant une cour royale d'un palais lointain, parée des créations éblouissantes de Dior, Balmain ou Lanvin.

Mais au-delà de cela, je vais vous faire voyager dans le temps en vous invitant au travers des différentes créations proposées ici à poser un regard croisé avec le passé, prouvant le fil indicible de la transmission du créateur demeure encore aujourd’hui.

 Thématiques et variations :

Le parcours thématique s'étend sur cinq étages du pavillon de Marsan, offrant des vues panoramiques sur le jardin des Tuileries et la rue de Rivoli.

 Il rend hommage aux célèbres maisons et créateurs de bijoux, mettant en lumière les collections des grandes maisons de la place Vendôme telles que Cartier et Van Cleef & Arpels, ainsi que la créativité d'artistes comme Jean Desprès, Jean Schlumberger et Florence Lehmann. Les pièces iconiques de mode du musée, ainsi que les créations de Paco Rabanne, Issey Miyake, Rick Owens, Balmain et Christian Dior, sont également mises en avant. Les salles suivantes, habituellement dédiées au design, accueillent des looks de mode et des parures, offrant une nouvelle lecture transdisciplinaire des collections.

Commençons par un premier regard transversal entre Balmain et le design industriel :

Vous serez accueilli par un magnifique ensemble veste et robe bustier, que j’adorerais porter d’ailleurs, par Olivier Rousteing pour la maison Balmain

Dès sa première collection, Olivier Rousteing évoque la fascination que Pierre Balmain avait pour l’Amérique. Partant du travail de Nudie Cohn, costumier de Las Végas, incluant dans ses créations diverses références au Far West, il compose cet ensemble comme un totem orné de broderie d’inspiration amérindienne.  A tous ceux qui ne seraient pas convaincus par le monde de la Haute Couture, il est aisé de voir ici un pont entre l’artiste et l’artisan, par ces motifs évoquant l’Art Déco et l’âge d’or du design industriel américain Streamline.

Le mouvement Streamline, connu également sous le nom de Style Paquebot, constitue  la première génération de designers industriels.

 Ils font paradoxalement carrière alors que la crise financière éclate. En effet, afin d’éviter la faillite, les grands industriels américains cherchent tous à différencier leurs produits de mass market de leurs concurrents. La solution ?

Faire appel à des artistes inventifs qui réinventent l’esthétique de leurs produits, tout en respectant les problématiques de rentabilité.

Les designers Streamline sont en somme des artistes doublés de businessman.

Ce mouvement est l’incarnation de la politique du New Deal de Franklin Roosevelt qui recherchait à relancer la consommation. Le début du design de masse !

Cette course à la production a favorisé le développement rapide d’une esthétique industrielle globale. Le métier de Designer était né et avec lui les premières grandes agences d’esthétique industrielle.

Stylistiquement, les lignes sont fluides  et lisses coïncidant avec la généralisation des techniques d’embouteillage de la tôle d’acier et du moulage en coquille d’alliages d’aluminium ou de matériaux de synthèse  comme La Bakélite.

Leurs lignes d’avant-garde permettaient d’envisager l’avenir avec optimisme. Le mouvement streamline peut être considéré comme l’enfant tardif de l’Art Déco.

Parfaite transition pour vous parler Jean Despres (1889-1980) présenté dans la même salle . Employé lors de la première guerre mondiale comme dessinateur de moteurs d’avions militaires, il passera sa vie dans sa ville d’origine d’Avallon, sa production tire ses formes d’œuvres chinoises, chaldéennes ou médiévales.  On retrouve d’ailleurs dans l’esprit de ses bijoux l’esthétique de la machine aux formes géométriques épurées.

Dans cette même salle, en contrepoint, un ensemble pour les amateurs de recycling !

La mode Engagée !

Cette salle cristallise l’émergence d’une prise de conscience au travers de designers du monde entier (Pays Bas, Mexique, Japon) , d’une nécessité de redéfinir à la fois le dessein (l’intention), le process, la fabrication et la diffusion et l’usage des objets, face à la crise climatique et écologique actuelle.

Les designers explorent les possibilités du recyclage et de l’ upcycling, afin de sublimer les ruines de notre société de consommation.

Pour faire simple, l'upcycling, c'est un peu le top en matière de recyclage : créer du neuf avec du vieux, sans pour autant transformer ou déconstruire la matière première que l'on utilise. D’une part, face aux matériaux polluants comme le plastique, des créateurs d’engagent dans une démarche éthique et écologique en recourant à des matières naturelles, privilégiant la biodiversité et les circuits courts de production.

Cette première salle pose donc une grande problématique fondamentale du monde des arts décoratifs :  Le design c'est quoi ?

L'exposition interroge la nature du design, une question qui agite l'institution depuis l'exposition séminale de 1969. Elle explore les liens entre le design et l'art, l'artisanat industriel, ainsi que les enjeux contemporains tels que la durabilité et l'émancipation à travers les objets.

La seconde salle mélange donc tous les genres : une création de Daniel Roseberry pour Schiaparelli « Robe midi », automne hiver 2021 : issue de la collection Matador Couture, cette tenue cornue participe d’une vision surréaliste de la tauromachie en lien avec l’imaginaire d’Elsa Schiaparelli. Une dimension fantasque et animale, mais aussi on ne peut le nier démoniaque, merveilleusement bien portée par Dua Lipa dans le clip Sweetest Pie en 2022.

Alors partons à l’aventure et interrogeons-nous sur le lien qui lie tous ces artistes-artisans, entre tradition et modernité.

A cette fin, je me suis permis de prendre quelques exemples d’objets qui ont attiré mon attention.

Un regard transversal

Si vous avez l’occasion d’aller au musée de Sèvres, très agréable musée, surtout en abordant ces beaux jours, vous y verrez une salle consacrée à l’art contemporain.

Le musée de Sèvres propose, bien entendu, l’exposition de pièces faïence et  en porcelaines . Mais la création y tient également une place notoire, laissant libre cours aux artistes contemporains.

Ici ce travail de Grégoire Scalabre pourrait représenter une synthèse de cette démarche de transmission.  En 2008-11, ce sculpteur et céramiste a effectué une résidence à la Manufacture nationale de Sèvres. Il a ici rassemblé 9000 vases en porcelaine qu’il a tourné et émaillé. Sôane est le souvenir d’un galion de la Compagnie des Indes qui fit naufrage au XVIIIème, époque durant laquelle la porcelaine était d’un luxe très prisé : ici l’artiste fait resurgir ces petites formes comme des rescapées des profondeurs.

Du musée de Sèvre au vase, il n’y a qu’un pas.

Un vase somme toute est destiné à présenter des bouquets. Pourtant très vite, il s’est mué en objets décoratifs : vases, grecs, vases archaïques, vases canopes, vases expansion … autant de vases qui ont traversé les siècles.

Une salle entière est consacrée au vase, proposant des esthétiques et productions très. Diversifiés : prenez le temps de les regarder de près car chacun dégage un caractère bien trempé !

Cette salle sera complétée un peu plus haut par une autre consacrée aux ateliers individuels. Les créateurs, formés dans des écoles d’art, d’architecture et de design élargissent leurs champs d’activité et les recherches liées à l’objet souvent associées à des démarches sculpturales.

Poursuivons notre chemin :  des vases aux arts de la table.

Grande tradition française, une belle exposition qui avait eu lieu à Sèvres ‘A table » retraçait les us et coutumes autour de des arts de la table, avec des pièces des plus originales et audacieuses pour l’époque.

Audace, toujours de l’audace, le XXIème siècle poursuit sur ce chemin de la transgression.

Symbole de tradition, les arts de la table fond l’objet au début du XXI de nouvelles approches. Elles se fondent sur des habitudes alimentaires différentes et pour les plus novatrices, sont créées avec des chefs à l’instar de la collaboration de Guy Savoy, architecte de la gastronomie française,  ou encore de Pierre Gagnaire pour prendre en compte la perception sensorielle des pièces. Ces nouveaux services font appel au toucher et à la vue de formes inédites, crantées ondulées ou compartimentées.

De la table au mobilier, nous voici embarqués dans des styles bien différents.

L’actualité récente du marché de l’art aura assisté à une adjudication plus que millionnaire historique pour le canapé « Ours Polaire » vous fera peut-être voir autrement le mobilier de ce designerJean Royère. Il commence sa carrière de décorateur dans les années trente. Le recours à l’ornement et aux matériaux naturels devient vite la clef de voûte de son travail. Emblématique de son œuvre, le canapé Boule de 1947 est sans structure apparente, comme un volume aux contours organiques. Cette forme libre ne se limite pas qu’aux meubles puisque le tapis décrit l’ombre du canapé. De la même façon, les luminaires sont chez Royère particulièrement ludiques et le luminaire Liane évoque un végétal envahissant l’espace.

Jean Royère n’a de nos jours rien perdu de son actualité même si les créateurs d’aujourd’hui ne revendiquent pas explicitement son héritage. La marqueterie du meuble de Benjamin Graindorge revisite, en l’enrichissant avec les couleurs naturelles du bois, les techniques de marqueterie de paille de Jean Royère. La pièce Pouls Pouf ! de Robert Stadler pousse, elle, très loin le goût pour la forme libre. Tout en s’affranchissant des techniques traditionnelles de menuiserie de Royère, Robert Stadler donne ici, de façon inédite, une forme au mou.

Au-delà du fonctionnalisme, rêves et fantaisies se révèlent être de puissants moteurs de création. Dans les années 1940-60, des créateurs comme Emilio Terry, Gilbert Poillerat ou Janine Janet, soutenus par une clientèle fortunée, produisent des pièces et des décors souvent inclassables. Au début du XXIème siècle, cette théâtralité et ce goût de l’ornement retrouvent de la vigueur. Pour les frères Campana, cet élan ses combine avec des formes et des techniques inspirées de leur culture brésilienne. Le ‘miroir » d’Elmar Trenkwader donne à voir un univers intérieur foisonnant, traversé par des influences baroques

Dans le domaine du mobilier, notre regard semble aujourd’hui habitué aux créations de Gilbert Poillerat. Mais là encore je n’ai pu m’empêcher de faire un lien avec le mobilier du XVIIIème siècle de style Louis XV à un moment l’un des plus créatifs dans le travail de l’ornementation des sièges, puisant son inspiration dans la nature. Qu’il est vécu au  XVIII ou au XX l’artisan talentueux  acquiert une grande maîtrise de son art . Ici Gilbert Poillerat acquiert une grande maîtrise du métal par des œuvres au répertoire décoratif qui révèle un savoir-faire exceptionnel et une audace ornementale, autant que pouvait l’être l’audace des grands ébénistes de l’époque.

Saviez-vous qu’au XVIIIème siècle, certains dessins d’ornemanistes débordant d’imagination n’étaient même pas reproductible, l’artiste étant freiné par la technique de l’artisan.

Ce qui est intéressant c’est ce pont qui existe entre art, arts décoratifs, et la transmission qui ne cesse d’être présente comme un fil rouge. Chaque artiste ou artisan est là pour transmettre la démarche de leurs aïeux tout en accouchant d’une nouvelle création qui permet de transcender celle de leurs anciens. Ainsi la transmission se meut, évolue et finalement c’est ce qui fait toute la richesse de la création tant contemporaine que passée.

Observez cette création par Janine Janet « Sculptures Le Roi et la Reine » datée de 1959 : constituée de bois, clous et métal, ne pourrait-on pas y voir un pont avec l’immense Arcimboldo qui parait ses personnages de fruits et légumes.

Janine Janet formée en France était passionnée de décors de théâtre et commencent en animant les vitrines de Christian Dior comme étalagiste en inventant des décors oniriques. Puis Balenciaga lui donnera carte blanche avec ces deux sculptures qui révèlent son goût pour la nature.

De la nature à Claude Lalanne

Claude Lalanne une sculptrice en adéquation avec la nature : une suite de couverts phagocytes à laquelle j’avais consacrée un bref article :  Si la cellule phagocytaire est une cellule mangeuse, le couvert phagocyte renvoie à l'existence du couvert en tant que tel et nous renvoie à Alphonse de Lamartine "Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?"

Un coup de cœur pour cette broche « White leaf1 » par Catherine Truman , un créatrice australienne, qui a su allier le papier, le coton fixé dans un conglomérat d’acier et de thermoplastie. Encore un regard croisé entre Claude Lalanne et cette artiste qui a su interpréter à sa manière la légèreté futile d’une feuille parée de blanc, insistant sur son côté léger et insaisissable.

De Claude Lalanne au couple Lalanne

Pour aborder une salle consacrée au couple Lalanne, le très célèbre et imposant hippopotame bleu de François Xavier Lalanne vous accueille. Mais connaissez-vous son origine ?

Le bestiaire, rural comme exotique, constitue la source d’inspiration majeure de François Xavier Lalanne. L'Hippopotame I est sa toute première interprétation d’un des ces animaux fétiches. Il rappelle un petit hippopotame en faïence bleue du Moyen Empire conservé au Musée du Louvre qui le fascinait lorsque dans sa jeunesse il était gardien au musée du Louvre au département égyptien. Exécuté en résine, un matériau rarement utlisé par l’artiste, il renferme dans sa gueule un lavabo et dans sa panse une baignoire.

Un maquette de Têtes habitables rèvèle une vision utopique peu connue de son œuvre : en 1970 François Xavier Lalanne réaluser pour l’architexte Emile Aillaud deux grands pigeons en béton installés à Grigny. En 1973, il conçoit une tête d’homme géante destinée au college jean Vilar : Il cherche à s’affranchir de la sculpture pour aller vers l’architexture avec des projets de Têtes habitables. Encore un pont entre sculpture et architecture comme avait pu le faire Jean Prouvé en son temps.

D’autres modèles emblématiques du couple Lalanne dont l’imagination n’était pas en reste. Leur travail a séduit de grands collectionneurs comme Pierre Bergé ou Yves Saint Laurent et depuis le début des années 2000, le marché de l’art ne peut que confirmer cet engouement sans précédent.

De l’imagination débordante des Lalanne à la contestation des années 70

Le mouvement Memphis

Prenant sa source dans les mouvements contestataires italiens des années 70, Memphis est créé à Milan pendant l’hiver 1980-81 par Ettore Sottsass et un groupe de jeunes designers. Ils empruntent ce nom à la chanson de Bob Dylan, the Memphis Blues Again.

En 1981, Memphis présente sa première collection hors les murs du Salon du Meuble de Milan et rassemble alors de nombreux créateurs internationaux qui opèrent un renouvellement formel majeur. Ils réinventent un langage dans lequel les formes, les échelles, les matériaux et les couleurs sont radicalement repensés. La bibliothèque Carlton, le lampadaire Terminus et la chaise First déjouent les règles du bon goût et mettent en avant l’aspect ludique, la coiffeuse Plaza est une interprétation de la tour Art Déco du Chrysler Building à New-York et se lit comme une architecture.

Les bijoux d’Ettore Sottsass, le mobilier et les vases du groupe Memphis affirment un caractère unique géométrique, dynamique, quasi signalétique : une imbrication des formes et des motifs.

La tête vous tourne ? Alors prenons le temps de nous asseoir .

S’asseoir, mais comment ?

Le siège tient une place non négligeable dans notre histoire : tout d’abord sommaire, puis en recherche de confort, le siège se meut dans l’art moderne dans une recherche constante de la forme sans toujours allié il faut le dire le confort.

En 1968, les MAD propose une xposition « les assises du siège contemporain » qui propose alors un bilan de la création dans ce domaine. Ici se prolonge cette idée en proposant des sièges du XX à  nos jours : une histoire de la ligne, des formes, de l’éclatement des propositions.

Des chaises de Philippe Starck au Fauteuil confortable d’Oscar Niemeyer de 1971, vous y retrouverez l’iconique Fauteuil Lounge Chair de Charles Eames : siège  au succès incontesté, il est l’aboutissement des recherches du couple Charles et Ray Eames sur le contreplaqué moulé pour créé un fauteuil ergonomique sur le principe de trois coques pour l’assise et les deux parties du dossier. Sa réalisation requiert un savoir faire technique. Des icones également comme Harry Bertoia dont les sièges fleurissent en vente aux enchères, ou encore les fauteuils de Joe Colombo.

Moins confortable cette chaise Papardelle de Ron Arad datée de 1992 relève plus d’un mélange entre architecture et sculpture : d’origine israélienne certains y voient une inspiration de la calligraphie hébraïque.

En raisonnance cet étonnant collier minerve par Marion Delarue daté de 2011 en laque naturelle : une technique maîtrisée pour un collier minerve en mouvement : une dualité bien intéressante.

Allez debout ! En route pour le 8ème étage :

 Le 8 éme étage est consacré à Jean Dubuffet, Jean Prouvé ou encore à Charlotte Perriand . Encore des stars du marché de l’art qui enflamme le monde des enchères.

Imaginez le nombre de meubles de Perriand qui ont dû passer au rebus.

Depuis les années 30, Charlotte Perriand, le Corbusier et les membres de l’Union des Aritstes Modernes (UAM) défendent un art décoratif sans décor où l’équipement moderne est synonyme d’embellissement du quotidien. Sobriété du bahut à portes coulissantes, lanterne de Noguchi

L’ensemble des quelques œuvres de Jean Dubuffet ne pourra pas vous laisser indifférent dont la scénographie est très réussie

Une chambre universitaire de la cité universitaire d’Antony meublée par Jean Prouvé est reconstituée. Jean Prouvé qui a déjà aménagé la cité universitaire de Nancy en 1933 et la facuté de droit d’aix en provence en 1952 y réalise des aménagements ingénieux.

Je ne vous ai cité ici que quelques exemples, mais  bien évidemment d’autres designers ou bijoutier valent le détour comme les créations du bijoutier lyonnais Albert Duraz (1926-2004), reconnaissable à ses bijoux sculpturaux aux accents expressionnistes épiques. De véritables monuments miniatures, ses créations se dressent en piques, griffes, herses.

Un clin d’œil également aux petits objets du XVIIIème dont une exposition se tient actuellement au musée Cogacq Jay ‘Luxe de poche » dont je vous parlerai bientôt, avec cette vitrine consacrée à Jean Schlumberger : joaillier et orfèvre français, il s’installe à New-York en 1947 et prend la tête d’un département chez Tiffany. Son œuvre s’illustre par une très grande fantaisie et un artisanat de précision lui conférant une élégance mondialement appréciée. Il joue avec les volumes, les arrondis voluptueux et ose intégrer à ses bijoux des aspects piquants et hérissés inédits. Il s’inspire de la faune et de la flore notamment marines créant des œuvres pleines d’imagination

Un dernier regard croisé pour se remettre de nos émotions.

Encore un regard croisé entre le passé et l’avenir : prenons cet exemple de ce Banc par Choi Byung-hoon. Ce sculpteur coréen aborde le mobilier par des formes épurées inspirés des dolmens des sites de Gochang, en recourant à des matériaux simples comme la pierre ou le bois, se référant à la philosophie taoïste sur laquelle je serais en peine de vous apporter quelque éclairage. En tout cas, cette œuvre inspire une harmonie entre l’homme et la nature.

Dans la lignée philosophique, admirez cette sculpture en pate de verre et verre coulé par Loretta T_Yang, daté de 2006 : the way of bodhisattava ou l’être en devenir ?

Mon avis sur l’exposition

Alors si je devais vous donner mon avis sur cette exposition

Cette présentation thématique se développe sur les cinq étages du pavillon de Marsan. Le parcours inédit révèle, je vous l’ai dit,  des pièces iconiques des collections de mode du musée, en consacrant une place importante aux créateurs, et permet de poser un nouveau regard sur le design de l’après-guerre à nos jours, français et international. Il met ainsi en lumière les liens créatifs et historiques entre les disciplines des Arts Décoratifs d’hier et d’aujourd’hui

Une exposition extrêmement bien documentée où vous apprendrez plein de choses et des anecdotes amusantes.

Le saviez-vous ? Christian Dior, le maître de la haute couture, fut aussi galeriste ! Dans les années 1930, il ouvrit une galerie de peinture où il mettait en avant des artistes de renom tels qu'André Breton, René Magritte, Salvador Dali, Braque, Marcel Duchamp, Pablo Picasso, Alberto Giacometti, Joan Miro et même Man Ray...

J’ai été enchantée par cette exposition qui ouvre des ponts infinis dans le monde de la création et franchement j’aurai pu passer encore plus de temps à faire des parallèles, ou lien démontrant ce fil rouge indicible de la Tradition qui lie tous ces créateurs.

La création se présente ainsi comme un propulseur de vie, et cette exposition prouve l'importance et le rôle que peuvent jouer les créateurs dans nos sociétés.

Alors ne tardez plus, et comme je le dit souvent, allez au musée et ne manquez pas cette belle exposition.

Elodie Couturier

 

 

 

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