25 ans après la chute du mur, hommage à Thierry Noir

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Thierry Noir, Street artist témoin de son temps

En 1982, Thierry Noir quitte Lyon pour Berlin-Ouest. Il s'installe dans un squat d'artistes et deviendra bientôt célèbre pour ses peintures sur le mur. Vingt-cinq ans après la chute de celui-ci, le street artist revient sur ce moment historique.

« We can be heroes, just for one day » / « Nous pouvons être des héros, juste pour une journée ». Il est des chansons qui ouvrent des horizons. Surtout quand on a 24 ans, qu’on n’arrive pas à garder un boulot et qu’à vrai dire on ne sait pas trop quoi faire de sa vie. L’hymne berlinois de David Bowie en tête et deux valises sous le bras, Thierry Noir décide, au début de l’année 1982, d’aller tenter sa chance là-bas, à Berlin. Vue de Lyon, c’est la ville où « tout » se passe : c'est l'époque de la NDW, la Neue Deutsche Welle (la « Nouvelle vague allemande »), et la scène punk y est en effervescence. Et puis il y a ce mouvement des squatteurs dont les affrontements avec la police passent en boucle aux informations. Celui qui, petit, rêvait de devenir pirate est fasciné par ce climat contestataire et ce bouillonnement artistique alternatif. Tout le conforte dans son attirance pour Berlin : Iggy Pop et David Bowie ne viennent-ils pas de vivre là-bas quelques années d'émulation créatrice intense ?

Berlin-Ouest ? Un îlot d'Occident perdu dans le vaste bloc soviétique

L'appel de Berlin est magnétique, enfin de Berlin-Ouest plus précisément. Depuis 1961, la ville est traversée par « le mur » érigé par le gouvernement est-allemand pour empêcher l'exode vers l'Ouest des habitants du bloc de l'Est. Il le sait, mais tout cela reste abstrait, et secondaire. Son désir de Berlin n'a pas grand-chose à voir avec la géopolitique. Devenir un « héros », même d’un jour, comme dans la chanson de Bowie – où deux amants s’embrassent sous les balles au pied du Mur, du « bon » côté, pas celui de « la honte » ? Ce n’est pas une option. D’ailleurs, en ce 22 janvier 1982 à la Zoologischer Garten Bahnhof, la gare centrale où il débarque au petit matin, Thierry Noir n’a qu’une envie : prendre ses jambes à son cou. L’air est glacial, ça pue l’urine… la ville lui paraît lugubre. Son train a traversé l'Allemagne de l'Est, et il commence à réaliser ce que, bêtement, il avait oublié  : Berlin-Ouest est une enclave au milieu de la République démocratique allemande (RDA), un îlot d'Occident perdu dans le vaste bloc soviétique. « Si j’avais pu, je serais reparti dans la journée mais je n’avais pas d’argent et pas de billet de retour, alors je suis resté », explique-t-il trente ans plus tard dans son spacieux atelier de la Kreuzbergstrasse.

Avec son anorak noir et ses baskets, il a la dégaine de n'importe quel street artist contemporain. Ses cheveux gris-blanc rappellent son âge : cinquante-six ans. Dans ce milieu-là, c'est vieux… mais lui a une aura particulière. Au Royaume-Uni, où il se rend régulièrement, on le voit comme l'un des papes du street art. Cette fascination des jeunes artistes l'amuse. Lors de la chute du mur, eux avaient dix ans, ou moins, mais ils ont vu les images : la foule en liesse à l’assaut du mur, les gens qui repartent avec des bouts de béton coloré, peint par lui peut-être ? Pour eux, rencontrer l'un des artistes du mur, c'est écouter un livre d'histoire. Alors, il raconte.

Ses fresques apparaissent à l’écran à un moment-clé du film Les Ailes du désir de Wim Wenders , celui où l’image passe du noir et blanc à la couleur parce que l’un des anges, tombé amoureux, devient humain.

Retrouvez l'article complet  : Berlin 1989 le jeune homme et le mur

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Retrouvez l'article : Thierry noir, l'artiste malgré lui

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