Albert Decaris, un maître de la gravure

Albert Decaris, un maître de la gravure

Albert Decaris, le face à face avec la plaque de métal

Le cuivre en plaque a été, jusque vers 1820, le seul métal sur lequel on gravait en creux, pour obtenir des gravures ou eaux-fortes. Les plaques d'acier ont d'abord été utilisées dans les années 1820 pour imprimer de grandes séries de billets de banque.

Car la qualité de la gravure restait identiques pendant toute la série; finement gravée cela rendait difficile la falsification. L' acier métal plus dur que le cuivre était plus difficile de travailler, mais il permettait de faire des détails très précis. Rapidement les plaques d'acier sont devenues populaires pour graver toutes sortes de sujets, notamment les vues topographiques, qui pouvaient être imprimées en grand nombre pour les touristes. Dès les années 1850 il a été possible pour les artistes de travailler sur des plaques de cuivre sur lesquelles par électrolyse on déposait une couche mince de fer à la surface du cuivre. On prolongeait ainsi la la vie de la plaque. Les plaques d'acier sont demeurée  pour l'impression des billets et des timbres-poste. Le cuivre fut réservé pour les beaux-arts.

Ce préambule me paraissait indispensable pour présenter un artiste qui a dérogé à cette règle car un graveur important du XXe siècle, Albert Decaris (1901-1988), a toute sa vie gravé sur acier. Decaris semble avoir choisi l'acier pour la clarté de la ligne qui peut être atteint, et pour l'effet scintillant que ces lignes de produire quand elles sont gravées en parallèle. Albert Decaris a gravé plus de 500 timbres-poste pour la Françe et les  services postaux coloniaux. Il a aussi illustré également un grand nombre de livres. Il a en outre réalisé des fresques monumentales à Megève, Paris et Vesoul.  Source 

Formé aux arts graphiques à l’École Estienne, Albert Decaris est placé dans l’atelier de gravure d’Antoine Dezarrois. Reçu à l'École des Beaux-Arts de Paris, atelierCormon, il obtient le premier prix de Rome de gravure en 1919 pour une œuvre titrée Ève avant le péché. Il a Albert Besnard comme directeur de la Villa Médicis de 1924 à 1926.

Dans les années 1930, le livre dit « de luxe » étant en vogue, Decaris illustre les poèmes hellénisants de Léon Cathlin, ainsi que Les Destinées de Vigny, les Lettres de Rome de Chateaubriand, Le Livre des rois David et SalomonMacbeth de Shakespeare et Pierre de Ronsard. Au cours des années 1940, il met en image l’œuvre de Corneille, ainsi que Don Quichotte ou encore L'IliadeLa Mythologie d’Émile Henriot, Les Odes d’Anacréon, De la vie des hommes illustres de Plutarque, Les Métamorphoses d’Ovide.

Peu à l’aise dans le symbole, et certainement pas dans l’abstrait, il excelle dans les scènes animées, où l’on retrouve l’illustrateur romantique, voire épique. Son style se reconnaît du premier coup d’œil à la maîtrise du dessin, la finesse de hachures et aux arrondis voluptueux.

Decaris réalise sa première décoration d'intérieur pour le palais du Bois (H.-J. Le Même, architecte) à l’ Exposition internationale de 1937 à Paris. Pour le même architecte, il exécute des peintures murales pour le porche du chalet de l’Inconnu, destiné à l’architecte Jean Walter à Megève. Toujours en 1937, il réalise à la fresque la décoration de l’hôtel de ville de Vesoul. Il dessine également des cartons de tapisseries pour le mobilier national (La VigneLes Jardins). En 1938, à New York, il peint une grande fresque.

Il est l'auteur de plus de 600 burins de grandes dimensions, sur des sujets variés (mythologie, vues de Rome, d'Italie, de Grèce, d'Espagne et de France, allégories, portraits de contemporains ou de personnages historiques) et de nombreuses aquarelles et lavis d'encre.

Il dessine et grave des timbres-poste français, des colonies et des territoires d’outre-mer français de 1935 à 1985. Son premier dessin représente le cloître Saint-Trophime à Arles, à la demande du ministre des Postes, Jean Mistler. Il est considéré comme l'un des grands dessinateurs et graveurs de timbres-poste, avec environ de 500 à 600 timbres réalisés, dont 174 pour la France métropolitaine. Son épouse est décédée en 1974.

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