Charles Virion, un sculpteur grand chasseur

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Charles Virion, artiste sculpteur de Haute Claire 

Qui était Charles Virion ?

Voici un joli témoignage, vibrant d'émotions de la fille de l'artiste Charles Virion que nous vous invitons à lire.

Les Anciens de Bourron et de Marlotte comme ceux ce Montigny se souviennent bien du sculpteur Charles Virion. Sa haute et large silhouette leur était familière. Vêtu à l'habitude d'un chandail et d'un costume de velours, coiffé de la casquette et plus tard du béret basque, on le voyait, la canne à la main, faire une promenade ou une course à Marlotte. Sa canne est un bien grand mot pour un simple bâton de houx ou de genévrier, pyrogravé et poli par l'usage.

Dès les premiers frimas il portait la cape brune en loden et c'est de cette silhouette, je crois, qu'on a gardé le plus vif souvenir.

Mais il avait aussi été jeune homme à Montigny. Venu en 1889 à 23 ans pour travailler comme décorateur avec Georges Delvaux qui venait de reprendre la faïencerie Eugène Schopin, il avait vite été l'ami d'abord de ses compagnons de travail: Albert Boué, le peintre des fleurs, Ernest Van Coppenolle le père, peintre des fleurs et spécialiste de basses-cours, puis le fils Jacques Van Coppenolle, Bézard puis des artistes nombreux alors à Montigny: Numa Gillet, Korochanski, Cloix, Edé, Antigna, Malleval, Marsac, Defaux déjà vieux alors, Juste, Gihon et tant d'autres. Mais aussi le camarade de tous les jeunes de Montigny qui appréciaient sa simplicité et son heureux caractère.

Bientôt il fut l'invité de toutes les noces, de tous les bals de mardi-gras et de Mi-Carême, pour lesquels il inventait des déguisements pour le moins originaux.

Lorsqu'en 1896, Armand Point fonda son atelier de Marlotte, il fut un des "compagnons de Haute-Claire". Il exécutait les sculptures pour les dessins d'Armand Point et il reste de cette époque "La Princesse à la Licorne", le "Saint-Georges terrassant le dragon", des coffrets ciselés et émaillés dont l'un est conservé au Musée du Petit-Palais à Paris.

Il connut alors et devint l'ami des habitués de l'atelier de Marlotte, de Camille Mauclair, Paul Fort, Stuart Merril, Raoul Ponchon, et il participait aux célèbres méchouis, inconnus à cette époque dans nos régions et qui mettaient tout Marlotte en émoi.

Grand chasseur et fin pêcheur, il ne ratait pas une "ouverture" et souvent il délaissait la glaise ou les pinceaux pour aller tirer un lièvre ou un faisan qui lui servaient de modèle pour des natures-mortes, avant d'être dégustés en civet ou en rôti.

Venu à Montigny pour y travailler il s'y plut et fit venir sa famille, puis bientôt fit construire sa maison. Il avait son chien qui ne le quittait guère, non plus que sa pipe, son chat, quelques poules et les croquis abondent de chiens, chats chatons, poules et coqs sans oublier souris lézards et autres bestioles qui servaient de modèles pour des sculptures. Car il était avant tout sculpteur.

Encore tout jeune, lors d'une visite d'inscription à l'école des Beaux-Arts de Nancy, il avait été fasciné par le travail d'un sculpteur qui devait devenir son professeur. Dès lors, il n'avait plus eu qu'une idée, devenir lui aussi sculpteur, modeler de la glaise, ciseler le marbre, donner la vie à la matière.

Né en 1865 en Corse où son père était Inspecteur des Eaux-et-Forêts, mon père, orphelin très jeune, revint avec sa mère et ses frères et sœurs en Lorraine où il fut élevé dans un petit village des environs de Bitche. Là, il courait les champs avec les enfants du village, il élevait et apprivoisait tout ce qui pouvait s'apprivoiser et couvrait de dessins ses cahiers, ses livres et jusqu'aux murs de sa maison. Mais vint le temps des études sérieuses et, la région de Bitche étant en Lorraine annexée, ce fut en France, à Longuyon, qu'il entra au collège.

Ensuite il fut inscrit à l'École des Beaux-Arts de Nancy puis à Paris à l'École des Arts Décoratifs. Il passa avec succès le Concours d'entrée à l'École Nationale des Beaux-Arts où il fut l'élève du sculpteur Paul Aubé.

Le service militaire achevé il fit un stage d'un an à la faïencerie Boulenger à Choisy-le-Roi pour s'initier aux arts du feu. Peut-être est-ce là qu'il retrouva Delvaux, ancien chimiste à Saint-Louis, puisqu'il vint s'installer à Montigny en 1889 en même temps que Delvaux reprenait la faïencerie - et il y resta jusqu'à sa mort en décembre 1946.

Dans bien des maisons de Montigny et de Marlotte il y a au moins une barbotine ou un grès signé VIRION, vase, cendrier, vide-poche, plaquette, ou un tableautin de chien, basse-cour, héron ou autre gibier. Tous les vieux Montignons aimaient cette salle du Long-Rocher, la plus belle et la plus fréquentée de la région pour les fêtes et les bals, aux murs décorés en 1908 des fables de La Fontaine.

Il avait décoré bien d'autres salles: les dortoirs du "Nid" en 1913, puis le grand réfectoire en 1924, des salles d'hôtel à Malesherbes, Nemours et bien d'autres encore, car il dessinait et peignait aussi.

Tout cela ne l'empêchait nullement de travailler comme sculpteur. Le musée de Nemours possède un grand groupe "Sanglier à l'hallali" qui figura au Salon de 1914, et un "chien"; la mairie de Montigny un "aigle pêcheur", le musée des Arts Africains à Paris un groupe d'éléphants d'Afrique. Bien d'autres œuvres sont dans des musées en France et à l'étranger et quelques unes ont été montrées en plâtre ou en bronze à la rétrospective de Montigny.

Il n'avait que des amis, non seulement à Montigny et à Marlotte mais aussi à Moret, Fontainebleau, Nemours. Fin observateur de la nature et des animaux en particulier, il était très lié avec le docteur Dalmon avec qui il parlait longuement du petit peuple de la forêt et de la rivière.

Pour les Naturalistes de la Vallée du Loing, qu'il connaissait presque tous, il avait dessiné la figurine de la couverture de la revue.

Pendant la guerre de 1914-1918, le secrétaire de mairie-instituteur étant mobilisé, il assuma le secrétariat et rendit maints services aux habitants, aux permissionnaires. Il s'occupait activement des réfugiés qui venaient du Nord ou de Belgique, leur trouvant un abri, leur procurant du travail, remplissant à peu près toutes les fonctions du maire absent.

La guerre terminée il exécuta quelques monuments aux morts, à Montigny, La Genevraye, Arbonne, pour ne citer que les plus proches.

Excellent graveur en médailles, il en fit pour ses amis puis en exécuta pour la ville de Fontainebleau par exemple, plusieurs étant éditées par la Monnaie de Paris, des plaquettes, véritables tableautins en bronze représentant toujours des animaux, des chiens, cerfs, biches, sangliers, éléphants, combat de coqs.

L'âge venant, il ne chassait plus, ne pêchait plus, se contentant de petites promenades, mais néanmoins travaillait toujours. Les animaux restant ses modèles favoris, il a laissé des cartons pleins d'études, depuis les souris et lézards jusqu'aux éléphants, lions et tigres ou antilopes qu' il avait étudiés au Jardin des Plantes.

Sociétaire des "Artistes Français" où il exposait dès 1886, puis du "Salon des Artistes animaliers" fondé en 1913, il avait obtenu plusieurs médailles notamment aux Salons de 1893 et 1895 et lors d'expositions régionales ainsi qu'à l'Exposition Universelle de 1900 où il avait reçu deux médailles, une pour sa sculpture, l'autre pour ses céramiques.

Il est mort en 1946, laissant une toile inachevée à laquelle il avait travaillé dans la journée. Ne recherchant ni les honneurs ni la célébrité, ne se plaisant qu'en famille ou dans son atelier de Montigny qu'il avait tout de suite aimé, c'était un véritable artiste resté modeste dont les œuvres sont pleines de vie.

Toujours prêt à rendre service, tous ceux qui l'ont connu l'ont estimé ou aimé, appréciant à la fois son réel talent, son amabilité et sa simplicité. Charles Virion, mon père par Henriette.

 

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Charles Virion, la marche de l'éléphant, sculpture en bronze signée

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