Claude Viallat
À la découverte de l'univers coloré de Claude Viallat
Claude Viallat est né en 1936 à Nîmes, où il vit et travaille aujourd’hui. Il est l’un des fondateurs de « Supports/Surfaces » dans les années 1970, mouvement qui appelle à un renouvellement de l’art par la remise en question des matériaux traditionnels. Viallat commence ainsi à travailler sur des bâches industrielles, sur lesquelles il répète à l’infini une même forme abstraite, sorte d’osselet devenu sa signature. Répété au pochoir sur divers supports, ce motif ouvre une réflexion sur le sens du geste créatif et le statut « d’œuvre d’art ».
En 1966, récupérant un morceau de mousse dans un seau de javel, Claude Viallat découvrit qu’il imprimait sur sa toile la forme d’un osselet. La peinture réduite à l’os ?
Dans ces années militantes où, avec d’autres artistes du Sud bientôt réunis au sein du groupe Supports-Surfaces, Viallat tentait de démonter la peinture traditionnelle pour la réduire à sa stricte matérialité, ce motif neutre apparut providentiel.
Près de 200 oeuvres
Depuis, il n’a cessé de le décliner sur tous textiles, draps, rideaux et même des tentes militaires, agrafant ses toiles au mur ou les suspendant recto verso dans l’espace… Au risque de l’épuisement répétitif ?
À travers près de 200 œuvres de 1956 à aujourd’hui, dont plusieurs inédits provenant de la collection d’Henriette, son épouse, le Musée Fabre de Montpellier offre une belle plongée dans l’œuvre de cet artiste nîmois, passionné de tauromachie.
Les traditions taurines
Les traditions taurines lui ont d’ailleurs inspiré, outre de petites œuvres figuratives, le « marquage » de certaines toiles, avec son motif d’osselet brûlé au fer rouge. D’autres recyclent la technique des empègues, ces pochoirs que les jeunes appelés de la région réalisaient à l’entrée des maisons en donnant des aubades.
Fascination pour les savoir-faire artisanaux
Il y a chez Viallat une fascination pour tous les savoir-faire humbles et artisanaux : que ce soit le batik, découvert lors de son service militaire en Algérie, ou la peinture à l’éponge utilisée pour chauler les maisons de sa région.
Même ses Objets, composés de matériaux de récupération – portes, bois flottés, cordes ou filets de pêche, cercles de barrique – entre équilibre précaire et malicieuses ligatures, semblent rendre hommage aux pièges des chasseurs locaux.
Une évolution de l’art dépouillé vers le baroque
Entre les premiers osselets teints sur des toiles nues à l’éosine ou au bleu de méthylène et ceux peints en 2014 sur des tissus imprimés de bande dessinée où ressurgit la figure, si longtemps refoulée, on mesure combien Viallat a évolué d’un dépouillement minimal vers une exubérance de plus en plus baroque.
Guidé par l’héritage de Matisse, il se révèle un éblouissant coloriste, ose des compositions en patchwork, des tissus à fleurs, rayés ou à paillettes, des tondos recyclant des parasols, des bâches festonnées.
De très grands formats
Malgré quelques expérimentations un peu fades (telle ses Vlieseline de rideau), sa virtuosité décorative s’affirme à travers les très grands formats suspendus dans l’atrium et plus encore dans l’hôtel de Cabrières-Sabatier d’Espéran, à deux pas du musée.
Là, au milieu des collections de mobilier XVIIIe ou Empire, il a glissé quelques œuvres peintes sur des fonds de fauteuil, des tapis ou étoffes précieuses, avec une jubilation parfaitement accordée au décor fastueux et à cette compagnie de somptueux artisans.