Découverte de l'oeuvre la plus ancienne au monde
Des chercheurs découvrent la 2ème œuvre d’art la plus ancienne au monde
Suite à une découverte sensationnelle dans la province du Henan, en Chine, des chercheurs suggèrent que l’art existe depuis bien plus longtemps qu’on ne le croit. Et qu’il ne serait pas le produit de l’Homme moderne.
Une équipe de chercheurs a découvert, sur le site archéologique de Linjing, dans une province de l'est de la Chine, deux fragments d’os gravés de motifs abstraits pouvant être classés parmi les plus veilles formes d’expression artistique de l’humanité.
Les deux fragments d'os comportent des incisions géométriques quasi-parallèles sur leur surface. Ils seraient datés d’il y a 105 000 à 125 000 ans, excluant la possibilité que l'Homo sapiens, ou Homme moderne (arrivé il y a seulement 50 000 ans), puisse être à l’origine des motifs.
La période attribuée aux « œuvres » correspond à celle des Dénisoviens (ou Homme de Dénisova), une espèce ou sous-espèce éteinte du genre Homo dont le statut n’a pas encore été fixé. Les Dénisoviens auraient vécu durant le Paléolithique moyen en Asie orientale, soit de la Sibérie à l’Asie du Sud-Est. Outre les marques linéaires parallèles, les chercheurs ont également détecté des traces de pigments ocre sur l’un des os. La présence de ces pigments, qui n’ont été trouvés nul par ailleurs sur le site archéologique, suggère que l'os en question a été teint ailleurs, antérieurement, et démontre une potentielle utilisation de la couleur à des fins décoratives.
Les chercheurs ont écarté la thèse de gravures accidentelles ou utilitaires, suggérant que les populations précédant l’Homo Sapiens étaient également douées de pensée abstraite et de communication. « Cette découverte indique que la production de motifs abstraits, apparemment à des fins symboliques, faisait partie intégrante des cultures développées par les populations humaines qui vivaient en Chine avant l'émergence de notre espèce, l’Homo sapiens, en Afrique », a déclaré Luc Doyon, l’un des auteurs de l'étude publiée sur les fragments, à l'Indian Express.
Cette découverte surpasse celle des dessins abstraits trouvés sur une pierre dans une grotte sud-africaine l’année dernière, qui avaient été datés d’il y a 73 000 ans.
« Les fouilles archéologiques sont pleines de secrets. Vous ne savez jamais ce que vous allez découvrir. Un petit objet invisible à l'œil nu peut changer notre compréhension actuelle de l’Humanité », a écrit Zhanyang Li, un autre auteur de l'étude, dans un courrier électronique à National Geographic.
En 2014, il était question d’un motif vieux de 500 000 ans, détecté sur un coquillage fossile sur l'île indonésienne de Java, soit l'œuvre la plus ancienne au monde. Le créateur de cette « œuvre d'art » ferait partie de l'espèce éteinte Homo erectus, qui a quitté l'Afrique il y a 1,75 ou 2 millions d'années et s'est répandue dans une grande partie de l'Europe et de l'Asie du Sud.
La première preuve de l’existence de l’Homme de Denisova remonte à 2010, après la découverte de fragments d’os et de bracelets en pierre dans une grotte sibérienne. Le site archéologique de Lingjing, situé près de Xuchang, a été remarqué en 1965 et fait l'objet d'excavations continues depuis 2005. Les deux os gravés sont connus des chercheurs depuis 2009, et les marques linéaires n’ont été repérées pour la première fois qu’en 2016.