Regards croisés au musée de l’Orangerie pour une rencontre entre Monet et Philippe Cognée.

En parallèle de chaque grande exposition, en l’occurrence, Matisse et les Cahiers d’art, le musée de l’Orangerie consacre un pan de ses murs à un artiste en résonnance au travail de Monet

Je vous avais parlé du face à face entre Mickalene Thomas et Monet.

Pour ce contrepoint contemporain, Mickalene Thomas proposait trois nouveaux collages à grande échelle, une peinture monumentale et une installation immersive spécifique à un site qui reprend sa vidéo/sculpture de 2016,«Me As Muse». Ces œuvres représentaient l'étendue du langage visuel que l'artiste avait développé au cours des vingt dernières années tout en revisitant le temps qu'elle a passé en tant qu'artiste en résidence dans la maison de Claude Monet à Giverny, en Franceen 2011.

Pour le musée de l’Orangerie, Philippe Cognée conçoit un ensemble d’œuvres inédites portant un regard aigu autant que subtil sur les Nymphéas de Monet.

Avant de vous livrer mon opinion sur ce nouvelle réflexion ouverte par le musée de l’Orangerie, revenons à Philippe Cognée

Philippe Cognée est un artiste français contemporain né en 1957 à Nantes. Il est surtout connu pour ses peintures à l'huile et ses techniques de gravure innovantes.

Il a étudié à l'Ecole des Beaux-Arts de Nantes de 1976 à 1980, puis à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1980 à 1982. Au cours de sa carrière, il a reçu de nombreuses distinctions, notamment le Prix de la Fondation de France en 1987 et le Prix de la Villa Médicis hors-les-murs en 1993.

Les œuvres de Cognée sont souvent caractérisées par des motifs répétitifs et des textures en relief, créées en appliquant de la peinture sur une toile qui est ensuite recouverte d'un treillis métallique. Cela donne à ses œuvres une apparence granuleuse et texturée qui ajoute une dimension tactile à ses images.

Cognée a également développé une technique de gravure qui utilise de l'acétate pour créer des images abstraites en relief. Il imprime ensuite ces images sur papier, créant ainsi des œuvres qui ressemblent à des photographies floues.

Les œuvres de Cognée ont été exposées dans de nombreuses expositions individuelles et collectives dans le monde entier, notamment à la Galerie Nathalie Obadia à Paris, à la Galerie Haines à San Francisco, à la Biennale de Venise et au Centre Pompidou à Paris.

Aujourd'hui, Philippe Cognée est considéré comme l'un des artistes les plus influents de sa génération, et son travail continue d'être exposé et célébré dans les plus grands musées et galeries d'art du monde.

Mais revenons à notre face à face :

Philippe Cognée a créé un ensemble de peintures inédites pour le musée de l'Orangerie, qui explore les thèmes de la forêt, des broussailles et des foules, tout en remettant en question la perception du paysage et de la peinture elle-même.

Tel un alchimiste, il liquéfie la matière, la griffe, la gratte et la recouvre pour créer des œuvres qui sont empreintes d'une violence réelle et d'un investissement physique de l'artiste.

Cela contribue à la présence de la peinture, tout en représentant des sujets qui sont imprégnés de sauvagerie ou d'inquiétude. .

Quel lien existe-t-il donc entre les deux artistes ?

Il y a un lien entre le travail de Philippe Cognée et les Nymphéas de Monet en ce qui concerne leur approche de la peinture. Comme Monet, Cognée cherche à explorer la matière de la peinture elle-même et à l'utiliser pour créer une image plutôt que de simplement la reproduire.

Les Nymphéas de Monet sont des peintures abstraites de la nature, créées à partir de la représentation de l'eau, de la végétation et de la lumière.

De même, les œuvres de Cognée sont des représentations figuratives de sujets tels que la forêt et les foules, mais il utilise une technique unique pour créer des effets de flou et de fusion qui permettent à la matière de la peinture de s'exprimer davantage que la simple représentation du sujet.

Cognée a souligné que faire de l'art signifie pour lui "tenter une forme d'introspection dans la matière elle-même", une approche que l'on retrouve également dans la façon dont Monet a créé ses Nymphéas. Les deux artistes ont cherché à transcender la représentation réaliste de leur sujet en explorant les possibilités de la peinture en tant que matière et en utilisant cette matière pour créer une image qui va au-delà de la simple représentation.

Elodie Couturier