Félix Vallotton, le feu sous la glace
Félix Vallotton, amis de Vuillard et Bonnard
Félix Vallotton (1865-1925), peintre d'origine suisse naturalisé français en 1900, est un artiste à cheval sur deux siècles, deux pays et plusieurs tendances esthétiques, des Nabis à la Neue Sachlichkeit (La Nouvelle Objectivité, courant apparu en Allemagne dans les années 1920 qui succède à l'expressionnisme)
Son œuvre est aujourd'hui moins connue en France qu'en Suisse. Et pourtant c'est à Paris, dans les années 1890, que ses gravures sur bois novatrices lui ont valu une renommée bientôt répandue dans l'Europe entière.
Comme peintre, il fut une figure en vue de la scène artistique parisienne, sans être toujours compris de la critique et sans que sa notoriété n'atteigne celle de ses amis Vuillard et Bonnard.
Peintre de l'étrange, Vallotton s'est intéressé à une gamme étendue de sujets, qu'il a repris tout au long de sa vie : le portrait, l'intérieur avec ou sans personnages, le bain, le nu féminin, des vues urbaines, des paysages, des natures mortes.
Son style se distingue par un aspect lisse et froid, des couleurs raffinées, un dessin précis découpant la forme, des cadrages audacieux, des perspectives aplaties empruntées aux estampes japonaises et à la photographie.
Son sens aigu de l'observation aboutit à une représentation hyperbolique de la réalité montrant, au-delà des formes, une surréalité dérangeante. L'artiste a mis en scène avec la même précision obsessionnelle des situations psychologiques nées de conflits entre désir et interdit, transgression et châtiment. Il a donné également une dimension mythique à l'éternelle guerre des sexes.
Le « Nabi étranger », représentant éminent du groupe de La Revue blanche, s'est distingué par l'étendue du champ de sa création, peinture, gravure, illustration, sculpture, arts appliqués, critique d'art, même théâtre et romans.
Félix Vallotton est né à Lausanne d'une famille bourgeoise protestante2. En 1882, il entre à l'Académie Julian à Paris, aux ateliers fréquentés par de nombreux artistes postimpressionnistes, dont les futurs Nabis. En moins de dix ans, le jeune Suisse parvient à se faire un nom auprès de l'avant-garde parisienne. Sa renommée devient internationale grâce à ses gravures sur bois et à ses illustrations en noir et blanc qui font sensation. Il participe régulièrement à différents Salons (Salon des artistes français, Salon des indépendants, Salon d'automne).
Dès 1891, il renouvelle l'art de la xylographie. Ses gravures sur bois exposées en 1892 au premier Salon de la Rose-Croixsont remarquées par les Nabis, groupe qu'il rallie en 18933. La dernière décennie du siècle est également marquée par son travail d'illustrateur, notamment pour La Revue blanche. L'une de ses affiches, La revue La Pépinière est reproduite dans Les maîtres de l'affiche (1895-1900).
En 1899, il épouse Gabrielle Bernheim (1863-1932), veuve de Gustave Rodrigues-Henriques (1860-1894) et sœur de Josse (1870-1941) et de Gaston (1870-1953) Bernheim.
À partir de 1900, il délaisse progressivement la gravure et l'illustration pour se consacrer à la peinture. Il peint des scènes d'intérieur, puis se consacre à des thèmes classiques, paysages, nus, portraits et natures mortes qu'il traduit d'une manière personnelle, hors des courants contemporains. Il coordonne un numéro de L'Assiette au beurre.
Sa première exposition personnelle a lieu à Zurich en 1909. Il expose régulièrement à Paris, notamment en janvier 1910, à la Galerie Druet, exposition dont le catalogue est préfacé par Octave Mirbeau. Il participe de plus aux expositions d'envergure internationale en Europe et Outre-Atlantique. En Suisse, sa peinture est principalement diffusée par son frère Paul, directeur dès 1913 de la succursale de la Galerie Bernheim-Jeune à Lausanne, future Galerie Paul Vallotton.
Vallotton est un travailleur acharné, sans cesse à la recherche de nouvelles formes d'expression. Touché par l'horreur de la Première Guerre mondiale, il trouve dans le conflit une source d'inspiration. Il renoue avec le succès vers la fin de la guerre, avant de mourir en 1925.
Il est inhumé à Paris au cimetière de Montparnasse.
Quelle est la cote de Felix Valloton?
Parcourons quelques résultats récents en ventes aux enchères publiques.
Un portrait de Vuillard, huile sur carton, 30 x 25 cm a été adjugé 69.000 euros. Dès que les sujets sont plus typiques de l'artiste, les prix s'envolent jusqu'à quasiment 500.000 euros.
Les dessins oscillent entre 400 et 3.000 euros. Quant aux estampes, eau forte ou gravure, les résultats oscillent entre 200 et 1.000 euros
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