Hervé Di Rosa au Musée Pompidou
Hervé Di Rosa au Musée Pompidou : Une Ode à la Figuration Libre
En attendant les grandes expositions parisiennes qui se font attendre, profitons de ce jour de pluie pour nous rendre au Musée Pompidou.
Je vous emmène aujourd’hui dans le monde coloré d’Hervé di Rosa, un des maîtres de la Figuration Libre.
L'art contemporain, en constante évolution, ne cesse de nous surprendre par sa diversité et son dynamisme. Pourtant, il arrive parfois que les institutions prennent du temps à reconnaître et célébrer des mouvements artistiques émergents. C'est le cas de la Figuration Libre en France dans les années 1980, un mouvement audacieux mêlant bande dessinée et culture populaire. Cependant, le Centre Pompidou rattrape le temps perdu en mettant en avant l'un de ses éminents représentants, Hervé Di Rosa, à travers une exposition intitulée « Hervé Di Rosa, le passe-mondes » du 28 février au 26 août 2024.
Avant de nous plonger dans cette exposition et de vous en faire partager mon avis, revenons brièvement sur ce mouvement de la Figuration Livre.
La Figuration Libre : Entre BD et Culture Populair
La Figuration Libre a marqué un tournant dans le paysage artistique français des années 1980. Ce mouvement, né avec l'exposition « Finir en beauté » orchestrée par Bernard Lamarche-Vadel, a regroupé des artistes tels que Robert Combas, Rémi Blanchard, François Boisrond, et la seule femme du groupe, Catherine Viollet. Loin des conventions artistiques établies, la Figuration Libre a exprimé un rejet de l'abstraction au profit d'une représentation figurative teintée d'esthétique populaire et inspirée de la bande dessinée.
C'est un mouvement qui, tout en revenant à la représentation figurative, explore une esthétique résolument populaire et empreinte de l'univers de la bande dessinée. C'est un art vivant, coloré, et résolument accessible, où la spontanéité et l'expression individuelle prévalent sur les règles académiques. Au cœur de ce mouvement, on trouve des artistes visionnaires qui ont contribué à redéfinir la scène artistique française.
Les caractéristiques Artistiques de la Figuration Libre à retenir sont :
Le Rejet de l'Abstraction : La Figuration Libre se positionne clairement en opposition à l'abstraction qui dominait les courants artistiques précédents. Les artistes affirment leur engagement envers la représentation figurative.
L’Esthétique Populaire : Puisant dans la culture populaire, la bande dessinée, et les arts urbains, la Figuration Libre adopte des éléments visuels accessibles à un large public. Les œuvres sont souvent empreintes de simplicité, de clarté, et d'une esthétique ludique.
L’Expression Individuelle : Chaque artiste de la Figuration Libre apporte sa personnalité et son langage visuel distinct. La spontanéité et l'expression individuelle sont privilégiées, renforçant l'idée d'une libération créative.
Des Couleurs Vives et Formes Expressives : L'utilisation de couleurs vives et de formes expressives caractérise les œuvres de la Figuration Libre. Ces choix esthétiques contribuent à la dynamique visuelle des compositions.
Une Influence de la Bande Dessinée : Les artistes s'inspirent ouvertement de la bande dessinée, intégrant des éléments narratifs et des personnages caractéristiques de cet univers dans leurs créations.
Malgré son importance, aucun des membres de ce mouvement n'avait encore eu l'honneur d'une exposition dédiée au Centre Pompidou. C'est désormais chose faite avec la rétrospective consacrée à Hervé Di Rosa, offrant ainsi une opportunité de revisiter l'impact de la Figuration Libre sur la scène artistique française.
Hervé Di Rosa : Un Artiste Pluriel
Hervé Di Rosa, né à Sète en 1959, incarne l'esprit éclectique et singulier de la Figuration Libre. Outre son rôle en tant que peintre et sculpteur, il se distingue en tant que collectionneur, avec une passion particulière pour les arts modestes. Cette démarche originale le conduit à créer le Musée International des Arts Modestes (MIAM) à Sète, dédié aux productions esthétiques en marge des beaux-arts.
Le projet artistique d'Hervé Di Rosa, intitulé « Autour du monde », débute il y a plus de trente ans. Il le conduit à explorer différentes régions du globe, de la Bulgarie à l'Afrique en passant par l'Asie, collaborant avec des artisans locaux pour enrichir sa palette technique. Cette exposition au Centre Pompidou, orchestrée par Michel Gauthier, ambitionne de dévoiler tous les aspects de ce pari artistique audacieux et de dresser un bilan de la carrière prolifique de Di Rosa.
Un Tour du Monde Artistique
L'originalité du projet d'Hervé Di Rosa réside dans sa volonté de confronter son univers artistique aux pratiques de diverses cultures. Son tour du monde artistique l'amène à apprendre la peinture d'icônes en Bulgarie, la peinture d'enseignes publicitaires en Afrique, et la technique de l'appliqué sur coton en Asie. Chaque étape de ce voyage artistique a laissé une empreinte unique sur son œuvre, créant ainsi une fusion inter-ethnique où les traditions européennes s'effacent devant une esthétique plurielle.
Diromythologie et Iconographie Débridée
Dès les années 1980, Hervé Di Rosa met en place son style pictural caractéristique, influencé par la bande dessinée, les jouets, et la série B. Sa Diromythologie prend forme dans des toiles saturées de formes et de couleurs, où ses personnages emblématiques prennent vie. Les titres de ses œuvres évoquent souvent l'univers cinématographique, renforçant le lien entre la culture populaire et son travail artistique.
Que ce soit à travers des œuvres inspirées par un roman américain de science-fiction ou en revisitant ses premiers personnages, Hervé Di Rosa crée des compositions simples mais captivantes. L L'efficacité de ses compositions réside dans leur lisibilité, invitant le spectateur à explorer les multiples références culturelles intégrées.
Le MIAM : Une Suite à l'Aventure Di Rosa
L'exposition au Centre Pompidou souligne également l'importance du MIAM dans la continuité de l'aventure artistique d'Hervé Di Rosa. Fondé en 2000, ce musée situé à Sète offre une vitrine aux arts modestes à travers une collection d'objets du quotidien, de vêtements, et d'accessoires chinés par l'artiste. Le MIAM devient ainsi le témoignage vivant de la passion de Di Rosa pour les formes artistiques en marge des normes établies.
Hervé Di Rosa, héritier d'une histoire artistique allant de Dada au mouvement punk en passant par Jean Dubuffet et CoBrA, n'a cessé de bousculer les hiérarchies artistiques traditionnelles. Son engagement envers la Figuration Libre, combiné à son exploration constante de nouvelles techniques artistiques à travers le monde, dépeint un artiste audacieux et visionnaire.
Mon avis sur l’exposition
Si je devais vous donner mon avis sur cette exposition.
Tout d’abord si vous n’êtes pas informés de cette exposition, il vous faudra même arrivée au musée demander votre chemin.
Aucune affiche n’annonce ou ne vous conduit sur le lieu de l’exposition.
Il faudra vous rendre au 5ème étage, puis prendre l’escalier pour vous rendre au 4ème étage pour parvenir à l’exposition « Hervé Di Rosa, le passe-mondes »
J’ai été quelque peu surprise de constater que l’exposition se réduisait à une trentaine d’œuvre.
Bien qu’ offrant une plongée fascinante dans l'univers créatif foisonnant de l'artiste, je suis restée sur ma faim.
En une trentaine d'œuvres, le visiteur est invité à voyager à travers les influences éclectiques de Di Rosa, de la technique de l'icône bulgare à la peinture d'enseignes du Ghana, en passant par l'utilisation des sequins de la communauté haïtienne.
Chaque pièce est une étape de ce tour du monde artistique, révélant la capacité de Di Rosa à absorber et réinterpréter les diverses traditions artistiques rencontrées.
Il est cependant regrettable à nouveau que l’exposition soit limitée à si peu d’œuvres d’une part
Le Centre Pompidou, en mettant en lumière le travail d'Hervé Di Rosa, rend néanmoins enfin hommage à l'un des pionniers de la Figuration Libre.
Espérons que cette exposition ouvrira la voie à la reconnaissance d'autres membres de ce mouvement, permettant ainsi à ces artistes de prendre la place qui leur revient dans l'histoire de l'art contemporain français.
Elodie Couturier