Jean Le Moal, quelle cote sur le marché de l'art ?
Elève aux Beaux-Arts de Lyon en 1926, puis à Paris en 1929, il découvre fauvisme, cubisme et surréalisme en compagnie de ses premiers amis, Alfred Manessier, Jean Bertholle et Etienne Martin. Ils exposent ensemble et participent au groupe Témoignage en 1938 et 1939. Ils se posent en héritiers des avant-gardes du début du siècle et veulent en réaliser la synthèse.
En 1941, ils organisent l'exposition "Vingt jeunes peintres de tradition française", où Le Moal, Bazaine, Manessier, Pignon et Lapicque entendent affirmer une "tradition"moderne dont Bonnard, Braque, Matisse et Picasso seraient les fondateurs. Leurs influences conjuguées se reconnaissent dans le style de Le Moal, entre postcubisme coloré et quasi-abstraction des motifs. Ralliant des peintres plus âgés, tel Jacques Villon, défendu par des critiques tel Bernard Dorival, ce style pictural, souvent qualifié de lyrique, reçoit après la Libération un accueil favorable. Il semble alors à la fois inscrit dans l'histoire et nettement moderne. De cette période, le Calvaire(1947) de Le Moal est une toile emblématique.
DÉCALÉ EN SON TEMPS
Un deuxième point commun réunit en effet la plupart de ces artistes : le catholicisme. Cette foi détermine l'engagement de Le Moal dans l'art sacré à partir des années 1950 : un vitrail pour la cathédrale de Rennes en 1956 inaugure une suite de commandes religieuses, dont les deux principales sont consacrées à la cathédrale deNantes de 1978 à 1988 et à celle de Saint-Dié des Vosges de 1985 à 1987. Loin de chercher à illustrer un programme iconographique, Le Moal conçoit ses vitraux comme des flux de couleurs et de lumière dont le climat doit inciter à la prière.
Ni ses verrières, ni ses travaux de tapisserie et de mosaïque, ni sa peinture, exposée à la Galerie de France jusqu'en 1974, ne lui permettent de conserver une place de premier plan. Il pâtit du même désintérêt que ses amis, attaché comme eux à des conceptions artistiques devenues désuètes au temps du Nouveau Réalisme et de l'avant-gardisme international. Une seule exposition rétrospective lui a été consacrée, en 2000, au Musée de Vannes.