Le casse improbable du Musée d'Art Moderne de Paris

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Vol au musée d'art moderne : une histoire rocambolesque.

Je vous avais parlé du casse de Boston au Musée Gardner, mais connaissez-vous l’histoire du casse du musée d’art moderne de Paris qui a eu lieu en 2010 ?

Une histoire rocambolesque dans laquelle Arsène Lupin aurait pu être impliqué. Même s’il ne s’agit pas tout à fait d’un Gentleman cambrioleur, vous verrez que le style de ce cambriolage implique notamment un personnage quelque peu fascinant.

Avant de vous parler des dessous de ce cambriolage, revenons au cambriolage & à son mystère :

La nuit est sombre et pluvieuse à Paris en ce jour du 20 mai 2010, lorsque le Musée d'Art Moderne de la ville devient le théâtre d'un crime aussi audacieux que mystérieux.

Un voleur masqué s'infiltre dans le musée pour s'emparer de 5 tableaux de maîtres (Picasso, Léger, Modigliani, Braque et Matisse).

Ce vol allait bientôt devenir l'un des mystères les plus intrigants de l'histoire de l'art.

Le voleur, connu tout d’abord sous le pseudonyme de "L'Énigme", avait soigneusement évité les caméras de sécurité et les systèmes de détection de mouvement sophistiqués du musée. Personne ne savait qui était cet individu énigmatique, ni comment il avait réussi à pénétrer dans l'une des institutions artistiques les mieux protégées de la ville lumière.

100 millions de butin, les cadres laissés sur le parvis du musée d’art Moderne : les enquêteurs étaient perplexes.

Aucun indice, pas la moindre trace de l'intrus, pas un seul témoin oculaire. Le musée était gardé comme une forteresse, et pourtant, l'Énigme avait réussi à s'évaporer dans la nuit sans laisser de trace. Les experts en sécurité évoquèrent l'hypothèse que l'individu devait avoir des compétences de ninja pour échapper à une telle forteresse, mais personne ne pouvait confirmer quoi que ce soit.

Pendant des mois, le monde de l'art fut en effervescence, et les spéculations allaient bon train. Le mystère planait comme une ombre sur la scène artistique.

Il aura fallu quatorze mois aux enquêteurs pour débusquer le voleur et ses deux receleurs.

Le premier s’appelle Vrejan Tomic., un Serbe de 43 ans, surnommé "l’homme-araignée".

Sa spécialité ? Le vol par escalade.

"Un type sec et athlétique mais aussi un véritable amateur d’art", lâche un proche. "Un solitaire chevronné qui n’a pas son pareil pour cambrioler les beaux appartements sans se faire voir", concède un policier.

Fiché pour une trentaine d’affaires et déjà condamné, Vrejan Tomic était dans le viseur de la BRB qui, le 13 mai le cueille devant son domicile à Montreuil (Seine-Saint-Denis). L’homme décharge alors des sacs remplis de tableaux anciens, de bijoux en or et de livres rares provenant du cambriolage d’un appartement dans les beaux quartiers parisiens, avenue Montaigne.

Mais quel rapport entre un voleur de petits larcins et un cambriolage digne d’un roman de Gaston Leroux ?

C'était une nuit sombre de septembre lorsque les enquêteurs de la BRB confrontent Vrejan Tomic, très calme, en accumulant des éléments qui semblaient le lier au vol audacieux perpétré au Musée d'Art Moderne de Paris en 2010. On le surnommait déjà "l'Arsène Lupin du Palais de Tokyo".

Vrejan Tomic finit par céder sous la pression des enquêteurs, révélant tous les détails de sa folle nuit au musée.

Il travaillait depuis des années avec un même recéleur qui lui avait transmis une liste de noms de peintres susceptibles d’être dérobés dans les appartements de luxe parisiens.

Se baladant dans les rues de Paname, il finit par tomber sur le Musée d’Art moderne, nid idéal pour trouver tous ces noms célèbres.

Pendant ses repérages, il avait noté que le système de sécurité était plutôt médiocre. Il jeta son dévolu sur une œuvre de Fernand Léger, "Les Disques dans la ville", exposée près d'une fenêtre. Trois jours avant de passer à l'action, il enduit trois nuits durant discrètement de décapant à peinture les vis extérieures qui retenaient les montants de la fenêtre, dissimulé derrière un drap noir pour éviter d’attirer les regards.

La nuit du 19 mai, à 3 h 50, l'"homme-araignée" vêtu de gants, le visage dissimulé par une capuche enjambe le balcon du musée. Avec son tournevis électrique, il déposa aisément la fenêtre préalablement préparée. Il sectionne le cadenas de la grille coulissante pour se retrouver dans l'une des salles. Cependant, le hasard lui joua un mauvais tour, car le Léger visé avait été remplacé par une autre œuvre. Vrejan Tomic s'empare donc de "Nature morte aux chandeliers" et se dirige vers sa voiture, garée à proximité.

Cependant, ce qui devait être une fuite rapide se transforma en une exploration minutieuse du musée. C’est dire :  il fera même un aller-retour entre le musée et sa voiture garée sur les quais, pénétrant par deux fois dans le musée

Incapable de résister à l'appel de ces toiles sans défense, il déambule d'une salle à l'autre, choisissant au gré de ses envies parmi les chefs-d'œuvre de Picasso, Braque, Matisse et Modigliani. Un connaisseur d'art à sa manière, il confessera même que le Modigliani était le plus beau de tous.

Après plus d'une heure passée au milieu de ces trésors, le voleur s'éclipse, bien avant la ronde des gardiens à 6 heures. Malgré les trente caméras de surveillance, les trois gardiens dans le poste de contrôle de sécurité n'ont rien vu, car l'alarme était en panne depuis le 30 mars, un détail crucial dans la réussite de ce vol.

Face aux enquêteurs de la BRB, Vrejan Tomic déclara qu'il avait agi pour 40 000 euros offerts par un receleur qui avait commandité le vol du Fernand Léger. Ce complice, Jean-Michel Corvez, propriétaire d'une boutique d'antiquités à Paris, avait des motifs douteux. Cependant, il semblait que l'affaire était plus complexe qu'il n'y paraissait, car les toiles volées semblaient atterrir entre les mains de plusieurs individus, dont un réparateur de montres, Jonathan Birn.

Le vol mystérieux au Musée d'Art Moderne de Paris en 2010 était devenu une énigme complexe impliquant des complices aux motivations obscures. Pourquoi ces voleurs avaient-ils choisi de voler des œuvres d'art aussi célèbres et difficilement revendables ? Cette histoire semblait tout droit sortie d'un polar, et même les experts de l'art étaient perplexes. L'espoir demeurait cependant que, un jour, ces chefs-d'œuvre réapparaîtraient, mettant fin à l'un des mystères les plus fascinants du monde de l'art.

D'abord, il se débarrasse de ses outils qu'il jette dans la Seine et change de tenue. Il a rendez-vous vers midi dans le sous-sol d'un parking près de Bastille avec l'antiquaire receleur. Il traîne dans les rues de Paris, légèrement gagné par la paranoïa. L'affaire tourne en boucle sur les ondes de radio. Il empoche 40.000 euros pour le Léger. Il touchera le reste lorsque les autres toiles auront trouvé acquéreur. «Tout était clair dans ma tête. J’allais recevoir 200.000 euros et changer de vie. C’était juste une question de semaines», détaille-t-il à Vanity Fair. Un problème de taille surgit: qui pourrait se risquer à acheter des tableaux volés signalés à Interpol dès leur disparition? Les tableaux sont désormais invendables. En tout cas dans l'immédiat. Vjeran Tomic mène la grande vie. Ses 40.000 euros sont rapidement dilapidés. Il essaye de conjurer l'angoisse dans la boisson. Il boit. Trop. Et dérape.

Ce qui est fascinant c’est le personnage de Tomic : il a un terrible besoin de reconnaissance et il faut dire, comme en témoigne les policier s de la BRB que ce casse était parfait.

Si son recéleur avait tenu ses engagements et payé Tomic, 50.000 euros par tableau, une broutille par rapport à la valeur des tableaux, probablement ce casse serait resté dans les cold case de la BRB.

Mais se sentant trahi, menant grand train avec le premier versement reçu, ivre, il se vante de ce casse auprès d’un SDF avec qui il a coutume de faire la fête.

Lorsqu’il est arrêté pour d’autres cambriolages de haut vol, il avoue d’emblée sa responsabilité dans le casse du musée, voulant également punir son recéleur malhonnête, qui n’avait pas tenue ses engagements.

Pour rendre l’histoire encore plus folle, les tableaux avaient été confiés à un tiers larron Jonathan Birn, en attendant que les choses se tassent.

Mais ce dernier affirme que pris de panique devant l’ampleur de l’affaire, il aurait détruit tous les tableaux qui auraient fini dans la bêne de son immeuble «À ma sortie de garde à vue, j’ai paniqué. J’ai amené mon fils à l’école, puis je suis allé à l’atelier. J’ai cassé les châssis des deux plus grands tableaux en donnant un coup dedans. J’ai plié les derniers. Je suis désolé. J’ai fait la pire erreur de mon existence.»

Huit ans de prison pour « l’homme-araignée », sept ans pour l’antiquaire instigateur, six ans pour l’horloger receleur, le tout accompagné d’amendes personnelles et d’une condamnation à payer solidairement la modique somme de 104 millions d’euros à la ville de Paris. Voilà l’issue du procès des tableaux volés du MAM en 2010 : cinq chefs d’œuvres signés Picasso, Matisse, Modigliani, Braque et Léger estimés à environ 109 millions d’euros et qui, aujourd’hui encore, restent introuvables.

Aujourd’hui, le voleur et ses complices ont retrouvé la liberté et les tableaux restent introuvables.

L’Arsène Lupin culpabilise d’avoir volé ces tableaux privant le monde entier de ce patrimoine et regrette surtout qu’ils soient aujourd’hui détruits.

Cela étant, il n’y croit pas beaucoup, comme d’ailleurs, le directeur du musée d’Art moderne qui espère comme nous tous, qu’ils réapparaitront un jour.

Peut-être que l’Indiana Jones de l’art Arthur Brand, le détective spécialisé dans les œuvres d’art retrouvera-t-il la trace de ces chefs d’œuvres.

Elodie Couturier

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