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"Il faut avoir du chinois"

La Chine s’est hissée à la première place du marché des enchères de l’art en 2010,  détrônant les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui dominaient le marché depuis 50 ans. Cette même année, dans le top 10 des artistes mondiaux en termes de produit de ventes annuel, figurent quatre Chinois. Parmi eux, Qi Baishi (1864-1957), dont une des oeuvres a battu le record mondial de vente pour une peinture contemporaine chinoise, est révélateur de la nouvelle place de la Chine.

 

Le marché de l’art Chinois en chiffres

1ère place du marché des enchères de l’art en 2010

4 artistes Chinois dans le top 10 des artistes mondiaux (en terme de produit de ventes annuel), selon Artprice.

33% des recettes mondiales du marché des enchères de l’art, contre 30% pour les Etats-Unis, selon Artprice.

46,5 millions d’euros pour une peinture de Qi Baishi (1864-1957), le 22 mai à Pékin.

Une première explication est à trouver dans la bonne santé de l’économie chinoise. « On observe un lien évident entre le marché de l’art et la croissance économique », analyse l’universitaire. Or, le PIB chinois se porte bien. Il a été peu touché par la crise, contrairement aux Etats-Unis ou à l’Europe, et atteint 10% en 2010. Les 2000 milliardaires (en Yuan) chinois représentent autant d’acheteurs et collectionneurs potentiels: « Pour les nouveaux riches, l’arrivée sur le marché de l’art est vue comme un acte de spéculation ».

« on observe un lien évident entre le marché de l’art et la croissance économique »

Un autre argument économique réside dans l’intérêt, pour des spéculateurs internationaux, d’acheter des oeuvres d’art chinoises afin de diversifier l’origine des acquisitions et de diviser les risques. A l’heure actuelle, il semble qu’il faille, comme le suggère M. Sousi, « avoir du Chinois dans son portefeuille »…

L’identité socio-culturelle de la Chine est également un facteur favorisant l’essor d’un marché de l’art florissant. Le nationalisme est exacerbé: « Des mécènes chinois auront tendance à soutenir des artistes chinois », et un phénomène d’émulation sociale s’observe également: « c’est à celui qui achètera le plus et le mieux [...] ‘J’achète cher, donc je suis’ est un crédo très répandu… ». Enfin, la libération politique, même si elle reste relative, a favorisé une création pléthorique, qui est clairement identifiée à l’étranger. Le gouvernement a également une politique culturelle qui favorise l’intérêt artistique: « aujourd’hui, la plupart des musées sont gratuits en Chine ».

 

« Il faut avoir du chinois dans son portefeuille ».

D’un point de vue juridique, des mesures protectionnistes favorisent les oeuvres nationales. « Il y a une taxe à l’importation des produits de 33%, qui favorise l’achat national. Les maisons de vente d’art internationales sont même interdites de vente en Chine! Elles sont toutefois présentes à Hong Kong » rappelle Gérard Sousi. Pour l’heure, l’absence de règles juridiques nationales constitue, paradoxalement, un atout: la dynamique commerciale économique n’est pas entravée par une réglementation. « L’art est dans le package de l’exportation des biens chinois ».

L’art Chinois est donc « à la mode ». Et au vu de l’économie mondiale, on peut penser que la tendance sera plus que saisonnière.

Estimation Chu Teh Chu, Zao Wou Ki, artistes chinois

 

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