Par Elodie Couturier le mardi 16 avril 2019
Catégorie: Magazine

Notre Dame, ce qui a été sauvé

L'incendie qui a frappé la cathédrale Notre-Dame de Paris a causé la destruction de nombreux objets et oeuvres d'art qui étaient présents dans l'enceinte de ce lieu sacré. De nombreux objets, dont les précieuses reliques, ont toutefois pu être sauvés.

Notre-Dame de Paris, construite au XIIe siècle et touchée par un très violent incendie lundi soir, n'est pas qu'un immense monument d'architecture : la cathédrale est aussi un trésor qui abritait de nombreuses œuvres d'art, d'artisanat et des reliques vénérées par les catholiques. 

En 1789 pendant la Révolution française, en 1831 pendant des émeutes ou encore en 1871 pendant la Commune de Paris, la cathédrale a été à plusieurs reprises attaquée et pillée, perdant une partie de son trésor à chaque fois. Mais celui-ci avait été progressivement reconstitué. Lundi soir, la cathédrale a été en prise aux flammes, mettant à nouveau une partie de ses chefs d'oeuvre en péril

Ce qui a été détruit

La flèche : C'est la destruction la plus visible et la plus emblématique qui résulte de cet incendie : la grande flèche de Notre-Dame, qui culminait à une hauteur de 93 mètres. Inaugurée en 1859, elle est l'un des résultats de la grande rénovation lancée par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, et succédait à une première flèche qui avait trôné du XIIIe au XVIIIe siècle. Lundi soir, attaquée par les flammes, elle s'est brisée avant de s'effondrer sur le toit de la cathédrale.

Plusieurs reliques : Au sommet de la flèche trônait une sculpture représentant un coq. Celle-ci renfermait trois reliques sacrées : une parcelle de la Sainte Couronne d'épines (dont le reste était préservé plus bas, dans la cathédrale), une relique de saint Denis et une autre de sainte Geneviève, sainte patronne de la ville de Paris. Elles ont disparu dans l'incendie au moment de la chute de la flèche.

La charpente, dite "la forêt" : C'était l'un des joyaux architecturaux les plus importants de la cathédrale, l'une des plus anciennes charpentes de Paris (avec celle de Saint-Pierre de Montmartre). L'enchevêtrement de poutres de bois de chêne portait le surnom de "forêt", mise en place autour de 1220, après qu'une première charpente bâtie au XIIe siècle. Dans l'incendie, elle a été intégralement détruite, a déclaré le porte-parole des pompiers : "L'ensemble de la toiture est sinistré, l'ensemble de la charpente est détruit, une partie de la voûte s'est effondrée". 

Ce qui a été endommagé

Le grand orgue : Ce mardi matin sur France Inter, le ministre de la Culture a expliqué que le grand orgue de la cathédrale, muni de cinq claviers et de quelque 8 000 tuyaux, a "l'air d'avoir été assez atteint", tout en expliquant qu'il était trop tôt pour faire un diagnostic de son état complet. 

Le maître-autel : Le grand autel semble lui aussi avoir tenu au fond de la nef, comme le montrent des photos prises dans la nuit dans la cathédrale. En revanche le décor qui l'entourait a été endommagé. Il faudra attendre que les équipes puissent explorer en sécurité l'ensemble du bâtiment pour savoir ce qui est intact et ce qui ne l'est pas. Même incertitude pour le mur qui entourait le Choeur et représentait de nombreuses scènes de la vie de Jésus. 

Les vitraux : Selon des constatations, plusieurs des vitraux de la cathédrale ont été endommagés voire brisés. La situation est pour l'heure incertaine, car même si les vitres semblent avoir tenu, le plomb qui les lie a pu fondre sous l'effet de la chaleur. 

Ce qui a été sauvé ou épargné

La structure de la cathédrale : Le ministre de la Culture l'a annoncé ce mardi matin sur France Inter : même si la situation, au petit matin, était encore précaire

Les reliques les plus précieuses : Selon les croyances catholiques, la plus précieuse de toutes les reliques est la Sainte-Couronne. Ce cercle de joncs reliés par des fils d'or est celui qui, orné d'épines, aurait été posé sur la tête du Christ lors de sa crucifixion. Egalement conservés à Notre-Dame, un clou de la Passion du Christ, un morceau de la Croix et la tunique de Saint-Louis, ont tous été transférés en lieu sûr, notamment à la mairie de Paris.

Une partie des tableaux : Connus sous le noms des "grands Mays", ces toiles sont issues d'une tradition qui voyait la corporation des orfèvres parisiens offrir chaque 1er mai un tableau. En tout, entre 1630 et 1707, 76 ont été offerts. Treize d'entre eux se trouvaient dans les chapelles de la nef de Notre-Dame. Selon le recteur achiprêtre de Paris, Mgr Chauvet, "les tableaux ont été évacués". Certains ont été transportés à la mairie de Paris dans la salle Saint-Jean, a confirmé la maire de Paris Anne Hidalgo. Toutes les oeuvres d'art du "trésor" de Notre-Dame ont été sauvées. 

Les rosaces : Ce sont les plus grands vitraux de la cathédrale. Ils ont été construits au XIIe siècle, puis rénovés à plusieurs reprises. Les deux plus grandes, qui font 13 mètres, représentent des dizaines de personnages, prophètes, saints, etc. Au centre, la Vierge Marie et le Christ sont représentées. Selon des témoins, même si certaines zones sont noircies, les rosaces ont tenu bon. Mais selon Mgr Chauvet, une rosace "va peut-être devoir être démontée", toujours en raison du plomb qui lie les carreaux vitrés et peut avoir fondu. 

Le bourdon : C'est le nom que porte la grosse cloche de Notre-Dame. Parrainé par Louis XIV, le Bourdon a été fondu il y a plus de 300 ans. Il pèse 13 tonnes. Situé dans la tour sud, qui n'a pas été menacée par les flammes, il est resté intact. 

Les statues de la flèche : décrochées il y a quelques jours de la Flèche, les statues représentant les douze apôtres et les quatre évangélistes ont été en partie transférés en Dordogne pour être rénovées. Elles ne devaient rejoindre la cathédrale qu'en 2022. Leur séjour près de Périgueux pourrait être prolongé. 

 
 

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