Paris, capitale de la Gastronomie

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Exposition à Paris, qui se veut discrète, cachée dans les alcôves de la salle des Gens d’armes à la Conciergerie : Paris, capitale de la Gastronomie qui se tient jusqu’au 16 juillet 2023.

En France, la gastronomie est un véritable art, et nulle part ailleurs cela n'est plus vrai qu'à Paris, une ville fière de ses nombreux restaurants étoilés, de ses pâtisseries raffinées et de ses chefs d'exception.

La culture culinaire fait partie intégrante de notre savoir-vivre depuis toujours.

C'est pourquoi la Conciergerie vous convie à un voyage historique et gourmand à travers l'histoire de la gastronomie.

Cette exposition vise à expliquer comment Paris est devenue la capitale de la gastronomie. Cette renommée repose sur une histoire riche et fertile s'étalant sur plusieurs siècles.

Alors faites appel à vos cinq sens, je vous emmène maintenant dans le cœur de la gastronomie.

Divisée en cinq sections thématiques, l’exposition nous rappelle les origines médiévales de l'art culinaire à la française.

Au menu de l’exposition

Une première partie est consacrée aux banquets les plus somptueux : du célèbre banquet offert par Charles V au Palais de la Cité en 1378 aux repas officiels de l'Élysée, en passant par les festins à l'époque de Catherine de Médicis et de Napoléon.

Grâce à l'utilisation de l'Histopad, une tablette de réalité augmentée, vous pourrez revivre l'expérience du banquet de Charles V, y compris dans les cuisines.

Imaginez-vous maintenant transporté(e) dans le passé, à une époque où la diplomatie se mêlait harmonieusement à la gastronomie.

Nous sommes en 1378, au Palais de la Cité, et le roi Charles V de France organise un banquet légendaire pour célébrer la visite d'un empereur romain germanique. Et quand je dis "banquet", je veux dire un véritable festin qui restera gravé dans les annales de l'histoire

Ce soir-là, pas moins de 800 convives sont réunis pour déguster les mets les plus délicieux que la France a à offrir.

Et devinez quoi ? Beaucoup de ces plats sont répertoriés dans un livre de recettes intitulé "Taillevent", du nom de Guillaume Torel, le talentueux chef cuisinier français qui dirige les cuisines royales à l'époque.

Ce livre, qui circule à cette époque, nous dévoile les secrets culinaires de l'époque.

Vous découvrirez ensuite différents thèmes :

« Le Ventre de Paris », aborde le sujet de l’approvisionnement de Paris, des Halles historiques jusqu'à Rungis. Une épicerie spécialement aménagée vous permet de découvrir les métiers, l'argot et la production typiquement francilienne.

Je ne peux m’empêcher de signaler la reproduction du tableau « Les Halles » de Léon Lhermitte que je vous encourage à aller voir au musée du Petit Palais, autre lieu parisien qui m’est cher, essence de l’âme parisienne du XIXème siècle.

L'invention du restaurant et son essor

Vous saurez tout du restaurant : depuis le Palais Royal jusqu'aux grands boulevards, puis à travers toute la capitale. En plus des grandes tables, l'exposition met en lumière les bistrots et le mythique bouillon restaurant parisien.

Les créations pâtissières et boulangères

 Un importante section est consacrée aux créations pâtissières et boulangères  légendaires indissociables de Paris, telles que la baguette, le millefeuille, le croissant, le macaron et le paris-brest, avec un objet des plus pittoresques : le buffet espagnol, une collaboration entre Salvador Dali et Lionel Poilane.

Dali souhaite offrir à Gala, sa compagne, une chambre en pain, au motif de vérifier la présence de souris à l’hôtel Meurice, où il avait sa suite attitrée jusqu’à la fin des années 50.

Ce meuble fait de pain azyme mesure 1 mètre 65 et pèse tout de même près de 60 kilos, fait donc partie de la chambre à coucher qui comprenant également un lustre, des chandeliers et un lit à baldaquin.

Encore une folie de Dali pour qui le pain était au centre de ses obsessions érotico-nutritives.

Paris en tant que « ville-monde »

Paris est également abordé comme une ville monde où les influences venues d'ailleurs se croisent et qui fait rêver le monde entier.

En guise de « dessert », l'exposition présente des représentations de Paris en tant que capitale gastronomique issues du cinéma, de la publicité, de la presse et d'autres médias.

Mes choix de l’exposition

Certains auront plaisir à se pencher sur l’histoire de la gastronomie et de son évolution, ou s’éveiller les papilles sur la section sucrée : car si Paris n'a pas de rivale dans un domaine, c'est bien celui de la boulangerie et de la pâtisserie, dont une section entière est consacrée aux créations légendaires telles que le saint-honoré, l'opéra, le paris-brest, le croissant, la baguette et bien d'autres, dont le millefeuille.

Le monde de la restauration 

Mais ma préférence ira à la naissance de la restauration, qui me rapproche de mes goûts personnels.

Ne trouvez-vous pas qu’un restaurant parisien a un charme que vous ne retrouverez nulle part ailleurs ? Je m’y sens chez moi : toute la culture française peut être résumée dans l’expérience d’un bon repas : à chacun de trouver ensuite son ambiance raffinée ou plus populaire.

En tant que ville gourmande, Paris était destinée à inventer le restaurant moderne.

En 1765, près du Louvre, Mathurin Roze de Chantoiseau ouvre le premier établissement connu, suivi rapidement par de nombreux autres qui ont contribué à la renommée de la capitale, tels que Very Frères, le Café Riche, le Rocher de Cancale et les célèbres bouillons. Un couvert complet du Ritz et la reconstitution du Grand-Seize, le cabinet particulier du Café Anglais, témoignent de la richesse des arts de la table au XIXe siècle.

Laissez-moi vous raconter quelques anecdotes passionnantes sur les trésors gastronomiques que vous découvrirez lors de cette exposition !

Tout d'abord, préparez-vous à être ébloui par le fameux « Grand Vermeil ». Ce service somptueux, composé de 1067 pièces, fut offert par la Ville de Paris à l'Empereur Napoléon en 1804. Imaginez la magnificence de cette vaisselle, créée pour honorer l'illustre empereur et témoigner de la grandeur de la capitale française.

Un autre trésor vous attend : la légendaire presse à canard de la Tour d'Argent. Cette presse est un clin d'œil à la spécialité de cet établissement prestigieux : le célèbre canard au sang, communément appelé « le canard Tour d'Argent ». Cette technique culinaire unique, qui consiste à extraire le sang du canard pour accompagner la sauce, a fait la renommée de la maison. Vous pourrez vous plonger dans l'histoire de cette institution gastronomique parisienne en découvrant sa fameuse presse à canard.

En parlant de lieux emblématiques, ne manquez pas la vaisselle des prestigieux restaurants Rit'z et Maxim's. Le Ritz, palace légendaire de la fin du XIXème siècle, a conquis le Tout-Paris cosmopolite et gastronomique. Sa vaisselle témoigne de l'excellence de la grande cuisine française et des arts de la table de cette époque dorée.

Quant à Maxim's, à l'origine un simple bistro destiné aux cochers, il est devenu le lieu de rendez-vous de la jeunesse dorée parisienne.

Deux plates signatures ont forgé sa renommée : la selle d'agneau Belle Otero, une pièce désossée et farcie de truffes et de foie gras, et les crêpes Veuve joyeuse, des crêpes garnies d'un délicat soufflé parfumé au citron. Ces mets savoureux ont contribué à la renommée de Maxim's et à son statut d'institution gastronomique incontournable.

À travers ces objets précieux, vous pourrez vous immerger dans l'univers enchanteur de la gastronomie parisienne, découvrir son riche patrimoine culinaire et vous laisser emporter par les histoires captivantes qui se cachent derrière chaque pièce

Les cabinets très particuliers

Le lien entre la chair et la gastronomie dans l'illustration de la naissance des cabinets particuliers dans les restaurants parisiens au XIXe siècle réside dans l'association de deux éléments clés : la recherche de l'intimité et le plaisir de la bonne cuisine.

Au XIXe siècle, la gastronomie parisienne était en plein essor, et les restaurants étaient devenus des lieux prisés pour se divertir et se délecter de mets délicieux. Cependant, les salles communes des restaurants n'offraient pas toujours l'intimité souhaitée par certains convives, qui cherchaient un espace plus privé pour leurs repas.

C'est ainsi qu'est né le concept des cabinets particuliers. Ces espaces clos et séparés au sein des restaurants permettaient aux convives de profiter de leur repas en toute discrétion, à l'abri des regards indiscrets. Ces cabinets particuliers étaient souvent décorés avec élégance et raffinement, créant une atmosphère intimiste propice à la dégustation des mets les plus fins.Ces espaces permettaient aux convives de se retrouver en toute intimité, de s'abandonner aux plaisirs de la table et de partager des moments de complicité.

C'est une rencontre entre la satisfaction des papilles et les plaisirs de la compagnie, créant une expérience culinaire unique et empreinte d'une sensualité subtile.

Au sein du Café Riche, du Café Anglais ou de la Maison Dorée, ces salons privés constituent à l’époque des espaces de sociabilité instituée

Vous y verrez donc l’un de ces cabinets très particuliers reconstitués dont le décor est toujours à peu près le même : une cheminée, un lustre ou des becs à gaz, des miroirs, une table, des chaises et surtout, élément qui est ici manquant dans la reconstitution : le divan !

Une pièce à retenir : le  "Mesnagier de Paris"

 Imaginez-vous ceci : au XIVème siècle, un bourgeois parisien plein d'amour et d'attention rédige un précieux manuscrit pour sa jeune épouse. Ce manuscrit, connu sous le nom de "Mesnagier de Paris", est bien plus qu'un simple livre de recettes. C'est un véritable guide d'économie domestique et culinaire, conçu pour enseigner à sa femme comment gérer efficacement leur foyer et préparer de délicieux repas.

Avec des centaines de recettes soigneusement consignées, ce livre est une véritable mine d'or culinaire. En fait, il est considéré comme le plus important livre de cuisine médiéval qui ait survécu jusqu'à nos jours. Chaque page est remplie de précieux conseils, de techniques de cuisine et de savoir-faire transmis de génération en génération.

Mon avis sur l’exposition

En lisant les avis des visiteurs sur le célèbre Officiel des spectacles, j'ai été totalement stupéfaite de constater que certains ont qualifié cette exposition de dénuée d'intérêt.

Mais laissez-moi vous dire, en tant que grande passionnée de gastronomie, à quel point j'ai été emballée par cette expérience !

Oubliez les extravagances de la technologie en 3D et les images numériques qui nous accompagnent partout. Certes, elles sont captivantes et merveilleuses dans certaines expositions, mais ici, il est temps de laisser libre cours à notre imagination et de nous plonger dans un voyage culinaire extraordinaire, au cœur de la salle des Gens d'armes, autrefois un réfectoire médiéval.

Personnellement, j'ai trouvé cette exposition d'une richesse et d'une passion incroyables. Oui, elle offre un aspect didactique qui nous permet de comprendre l'émergence et l'évolution de la gastronomie française, jusqu'à son rayonnement mondial.

Pour ma part, j'ai vécu cette expérience comme une plongée captivante dans le passé culinaire de Paris, découvrant les lieux devenus légendaires, qui ont tant compté pour moi.

Alors, n'hésitez pas à faire un détour et à vous laisser transporter de nouveau vers les thèmes qui vous ont le plus séduit, des banquets officiels les plus solennels aux salons parisiens gourmands et coquins.

Cette exposition réveillera vos papilles, nourrira votre esprit curieux et vous fera voyager dans le temps, vous rappelant pourquoi la gastronomie est un art si précieux et pourquoi Paris est incontestablement la capitale mondiale de la cuisine.

Ne manquez pas cette occasion de vous régaler et de redécouvrir les plaisirs gustatifs qui ont forgé l'identité culinaire de notre magnifique ville lumière !

Elodie Couturier

 

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