Paris de la Modernité de 1905 à 1925

Jean-Dunand

Paris de la Modernité de 1905 à 1925 : exposition au Petit-Palais à Paris

Je vous emmène aujourd’hui au musée du Petit Palais où se tient l’exposition « le Paris de la Modernité » qui se tient jusqu’au 14 avril 2024.

L’exposition invite à se plonger dans le Paris effervescent des années du début du XXème siècle, s’étirant de 1905 à 1925. Il s’agit d’une période riche où se croisent les plus grands artistes tels que Robert Delaunay, Sonia Delaunay, Marcel Duchamp, Marie Laurencin, Fernand Léger, Tamara de Lempicka, Chana Orloff, Marie Vassilieff et tant d’autres.

L'exposition propose une structure claire, combinant une approche chronologique et thématique au travers de plus de 400 œuvres.

Les lieux de création & les salons

Elle explore les lieux de création tels que Montmartre ou Montparnasse qui offraient aux artistes un cadre animé de cafés et de réseaux d’entraide.

A Montmartre, les « rapins » sont les artistes en devenir venus de Paris, de Province, d’Espagne ou d’Italie où ils s’installent dans des ateliers comme le célèbre Bateau Lavoir qui accueillera notamment la bande à Picasso à partir de 1904. Ces lieux sont des véritables laboratoires artistiques, mêlant artistes et poètes.

La cité de Montparnasse succède à celle de Montmartre en 1910 où se mêlent artistes, modèles, mécènes et il faut noter que les femmes y étaient très présentes.

Tandis que la bohème artistique prend le pouvoir à la cité d’artistes du Bateau-Lavoir, les femmes s’émancipent et les corps sans corset se libèrent grâce au styliste Paul Poiret.

Paris devient la scène des incontournables salons parisiens organisés par des sociétés d’artistes également ouverts aux femmes. En 1903, dans ce même lieu au Petit Palais, le Salon d’Automne permet aux jeunes artistes de se faire connaître. Le public parisien assiste alors à la naissance de l’art moderne, marqué notamment par le scandale des œuvres fauves.

Suivra le Salon des Indépendants de 1911 et la mouvance cubiste avec Le Fauconnier et La Fresnaye, qui s’inscrivent dans la lignée des recherches de Cézanne, Braque, ou Picasso.

D’autres mouvements sont mis en exergue comme le Futurisme où la beauté, la vitesse et la nécessité de la violence en art sont mis en avant.

Paris, et les avancées technologiques

Les avancées technologiques, l'évolution des arts, de la mode et du rôle des femmes, offrant ainsi une vision complète et multidimensionnelle de l'époque sont exposés.

Les nouveaux modes de transport ont leurs salons parisiens : En 1901 le Grand Palais accueille le Salon international de l’automobile, des cycles et des sports.

Vous y verrez même cet imposant aéroplane de 1911 prêté par le musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.

La grande guerre

Une partie de l’exposition relate le désolant spectacle de la Grande Guerre.

Paris est en effet également frappé par la guerre de 14/18 qui sera marqué en France par la perte de 10 millions de morts et 11 millions de blessés. Les taxis jouent un rôle majeur en acheminant les blessés vers les hôpitaux. C’est une période d’engagement : Blaise Cendras appelle même les étrangers à participer à la mobilisation. Zadkine s’engage aux côtés d’Apollinaire qui sera trépané deux fois. Quant à Modigliani de santé fragile, il sera réformé.

Paris est une fête : célébration de la capitale

Paris, ce sont également ses spectacles avec l’ouverture du théâtre des Champs Elysées à la pointe de la modernité qui ouvre ses portes en 1913 avec le spectacle des Ballets Russes fondés par Diaghilev : vous y verrez les costumes et maquettes signées par Picasso.

Malgré les horreurs de la guerre, la vie culturelle reprend son cours dès 1915 autour de concerts, lectures et André Salmon propose en 1916 l’Art moderne en France où il expose les demoiselles d’Avignon. La Galerie Berthe Weil présente l’année suivante Modigliani dont une partie de l’exposition est démontée pour atteinte à la pudeur, comme je vous l’avais expliqué dans le cadre de l’exposition présentée à l’Orangerie sur l’artiste.

C’est ensuite la période des années Folles dont Kiki des Montparnasse sera l’égérie de ces années, avec ses premiers dancings et la musique du Jazz importé par les Américains fuyant la prohibition, sans oublier la grande Joséphine Baker qui déchaînent les polémiques.

Dada débarque à Paris en 1920 avec Tristan Tzara qui se meut en Surréalisme après l’implosion du mouvement en 1924 sous l’égide d’André Breton.

N’oublions pas l’exposition internationale des Arts décoratifs qui ouvrent ses portes en 1925 qui accueillera plus de 25 millions de visiteurs. Son but est de faire valoir l’excellence française, face à l’Allemagne vaincue.

De la Belle Époque aux Années Folles, quand la capitale était le centre du monde, déambulez de salle en salle et n’hésitez pas à revenir sur vos pas qui vous fera ressentir la créativité étourdissante de ces vingt années.

C’est cette quête de modernité et l’ambiance de cette époque que met en avant le Petit Palais se concentrant majoritairement sur l’axe des Champs-Élysées autour duquel gravite la scène parisienne.

Car en vingt ans, tout a changé :  Art, mode, joaillerie, spectacle vivant…

Mon avis sur l’exposition :

L'exposition propose une structure claire, combinant une approche chronologique et thématique, peut-être un peu trop, rendant un peu rigide le parcours immersif désiré.

Elle explore les lieux de création (Montmartre, Montparnasse), les avancées technologiques, l'évolution des arts, de la mode et du rôle des femmes, offrant ainsi une vision complète et multidimensionnelle de l'époque

Elle met en lumière l'émancipation des femmes, leur participation aux mouvements artistiques et les changements sociaux qui ont eu lieu à cette époque.

Cependant, une inégalité de qualité est à noter, parmi les œuvres présentées, ce qui altère quelque peu l'expérience globale de l'exposition.

D’un point de vue personnel, j’aurais préféré y trouver tout simplement une sélection plus rigoureuse, qui aurait rendu l’expérience plus fluide.

Un petit bémol concernant la scénographie qui tente de recréer l'ambiance de l'époque : par moments, cette tentative manque quelque peu de cohérence.

Cependant, malgré ces quelques points de réserve, cette exposition est très agréable et  offre une belle promenade dans une période marquante de l'histoire artistique, culturelle et sociale de Paris, mettant en lumière son dynamisme et son rayonnement.

Comme toujours, réservez vos billets car Paris reste toujours Paris et attire toujours autant de visiteurs.

Elodie Couturier

 

 

 

 

 

 

 

 

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