Paul Durand Ruel, le pari de l'impressionnisme
Paul Durand-Ruel, les impressions de Mathilde
L'intitulé de l’exposition est merveilleusement bien trouvé, car oui, c’est un pari de mettre cette exposition en place. En dehors de la nouveauté artistique qui est de mettre en avant un marchand, l’autre pari est celui de Paul Durand-Ruel face à son amour pour l’impressionnisme. En effet, le Musée du Luxembourg ne met pas en tête d’affiche un artiste, comme le veut la plupart des expositions de nos jours. Même si cela commence à apparaître, ce type d’exposition reste encore discrète.
Celui qui est donc mis en valeur est Paul Durand-Ruel, grand marchand et collectionneur du XIXème siècle. Ce père du marché de l’art moderne a eu un coup de foudre artistique lorsqu’il a découvert les impressionnistes et leur talent. L’exposition retrace les principales étapes de son combat pour cette Nouvelle Peinture de manière chronologique. Six salles nous sont proposées renfermant les tableaux des plus grands : Renoir, Monet, Degas, Sisley, Pissarro… On y retrouve aussi quelques peintures du style que Durand-Ruel défendait à ses débuts, la peinture académique (Corot, Delacroix), puis les intermédiaires (Manet, Courbet).
L’avantage de l’exposition est de nous interroger sur le rôle du marchand, qui est un métier longuement laisser dans l’ombre, alors qu’il a été vital pour les Impressionnistes : « Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes » a dit Monet. Dans une passion grandissante, Durand-Ruel rachetait souvent les peintures qu’il avait vendues à ses clients. Des tableaux de sa collection personnelle sont donc exposés auprès de ceux qu’il a réussi à vendre, qui appartiennent aujourd’hui à des collections privés ou à des musées grâce à des donations.
Parmi ces œuvres, les tableaux sont pour la plupart inconnus mais s’y trouvent quelques incontournables. « La Musique aux Tuileries » de Manet fait partie des quelques tableaux qui procurent une sensation incroyable, encore aujourd’hui. C’est grâce à ça que l’exposition est dans la mixité, et c’est ici que le musée gagne son pari. En effet, déjà beaucoup d’événements ont eu pour sujet principal l’impressionnisme, ce qui nous renvoie à l’affirmation de connaître par cœur ce mouvement. Cette affirmation est peut-être vraie, mais elle ne nous empêche pas de développer nos connaissances ! Ici, le point de vue est différent, car il vient d’un marchand, donc à travers la passion de l’art, la vente de tableaux, la rencontre avec des artistes… Si d’ailleurs vous êtes intéressés par le commerce de l’art, il est intéressant de lire les cartels car ils nous informent souvent de la somme de la vente.
Dans une exposition très intime, on découvre l’évolution de l’Impressionnisme grâce à une scénographie royalement intelligente. Présentée chronologiquement exceptée pour la première salle, les tableaux des plus grands maîtres du XIXème siècle sont positionnés dans une mise en scène qui ne pratique pas le « show-off ». Les introductions de chaque salle sont sur des pupitres qui permettent une présentation plus agréable pour la lecture.
Même si la fin de l’exposition est assez perturbante car, à mon sens, bâclée, « Le Pari de l’Impressionnisme » est à voir pour les personnes curieuses qui veulent découvrir de nouveaux aspects sur ce mouvement que l’on a l’"impression" de connaître.
Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais en collaboration avec le musée d’Orsay, la National Gallery, Londres et le Philadelphia Museum of Art.
Site officiel : Musée du Luxembourg