Picasso L'homme qui croquait ses femmes
«Mademoiselle, je voudrais faire votre portrait.» Fernande, Eva, Olga, Marie-Thérèse, Dora, Françoise, Jacqueline... la vie du maître est une collection de conquêtes. Il en fit des chefs-d'oeuvre
L'auteur des Demoiselles d'Avignon entretenait avec les femmes des relations aussi inspirantes que passionnées, toujours intenses. Bien qu'il fût un grand séducteur, il était également un véritable mufle. Il aurait un jour affirmé à l'une de ses maîtresses, Françoise Gilot, que pour lui il n’y a que deux catégories de femmes : "les déesses et les paillassons". Six femmes eurent néanmoins une influence essentielle sur son œuvre peint.
Fernande Olivier (1904-1912)
uelque temps seulement après son installation à Paris en 1904, Pablo Picasso rencontre Fernande Olivier. La française est modèle et deviendra sa muse pendant les sept années de leur relation. Tous les deux très jeunes, ils forment un couple d'amants extrêmement jaloux. Ce premier amour inspirera 60 toiles à l’artiste.
Un jour, Fernande Olivier rencontre un artiste italien. La séparation avec Pablo Picasso qui en résulte est déchirante. En 1930, elle finit par sortir un livre, Picasso et ses amis, qui revient en détail sur sa relation avec l'artiste, en dépit des tentatives du peintre de l’en empêcher.
Eva Gouel ( 1912-1915 )
près avoir été trompé par Fernande Olivier, Pablo Picasso trouve le réconfort dans les bras de son amie, Marcelle Humbert, plus connue sous le nom d'Eva Gouel. On sait peu de choses de leur relation et elle est considérée comme une énigme dans la vie du peintre.
Il est intéressant de noter que s’il n’a jamais peint de portrait réaliste d'Eva Gouel, elle lui a inspiré plusieurs toiles, notamment des constructions semi-abstraites comme J'aime Eva, ou Ma jolie, son surnom.
Malheureusement, elle meurt en 1915 de la tuberculose et laisse derrière elle un Pablo Picasso désemparé. Même s'il a pris grand soin d’elle pendant sa maladie, cela ne l’a pas empêché d’entretenir une relation discrète avec une autre Parisienne, Gabrielle Lespinasse.
Olga Khokhlova ( 1917-1935 )
Au milieu des années 1910, après la mort d’Eva Gouel, Pablo Picasso quitte Paris pour emménager à Rome, où il tombe amoureux d’une ballerine russe. De toutes ses relations, celle qu'il eut avec Olga Khokhlova est l'une des plus importantes de sa vie.
Elle sera sa première femme, et fera de lui un père en 1921, deux ans après leur mariage. Celui-ci durera dix ans, une période pendant laquelle il passe de l’abstrait à une forme de néoclassicisme. Olga Khokhlova influence l'artiste dans sa représentation de la femme, lui faisant opter pour une approche plus naturaliste.
Les infidélités répétées de Pablo Picasso auront raison de la tendresse des débuts de leur amour. Leur mariage se termine quand elle apprend qu'une autre femme est tombée enceinte de lui, en 1935. Après s'être vu refuser le divorce, Olga Khokhlova déménage avec son fils dans le Sud de la France. Malgré leur séparation, elle est restée mariée au peintre jusqu'à sa mort, en 1955.
Marie-Thérèse Walter ( 1927-1936 )
En 1927, quand Pablo Picasso rencontre Marie-Thérèse Walter, il a 46 ans et la jeune Française 17. Leur histoire passionnelle donne naissance à une petite fille, Maya, et à une nouvelle ère dans la vie artistique du peintre, pour qui Marie-Thérèse Walter est la muse idéale.
En pleine période surréaliste, elle lui inspire la Suite Vollard, une série d’une centaine de gravures. Malgré le caractère enchanteur et tendre de leur relation, Pablo Picasso continue à aimer d’autres femmes et tombe amoureux de Dora Maar en 1935
Dora Maar (1935-1943)
Dora Maar était une peintre et photographe surréaliste qui collabora avec Jean Renoir, Paul Éluard et Georges Bataille. Dans les années 1930, elle rencontre Pablo Picasso et devient sa muse pour toute une décennie. L’impact créatif qu’elle a eu sur lui est remarquable.
Elle stimule son imagination au point qu’il créera certains de ses plus grands chefs-d’œuvre de sa seconde période cubiste. Elle a notamment documenté, en photos, la réalisation du célèbre Guernica (1937), dans lequel elle apparaîtrait sous les traits de la femme agenouillée.
Toutefois, après sept ans de relation, Pablo Picasso quitte Dora Maar pour Françoise Gilot. Bien qu'il eût deux enfants avec cette dernière, la dernière grande muse de l'artiste fut Jacqueline Roque.
Jacqueline Roque ( 1953-1973)
Jacqueline Roque fut la seconde épouse de Picasso. Il passera le reste de sa vie avec elle, jusqu’à sa mort en 1973. À leur rencontre en 1953, il avait de 70 ans et elle 27. Leur mariage, prononcé en 1961, durera presque onze ans et la Française sera une grande source d’inspiration pour l’artiste. Il a ainsi réalisé 400 portraits d’elle, dont Jacqueline avec des fleurs (1954), Jacqueline dans le studio (1956), ou Femme assise (1971).
Malheureusement, elle s’entendait très mal avec les quatre enfants de son époux. À la mort du peintre, elle s’est battue contre eux avec acharnement au sujet de l'héritage, au point qu’elle ne les a pas laissés assister aux funérailles de leur père.
Cet article a été rédigé par Yannis Kostarias du site d’actualité The Art Gorgeous, à Hong Kong et traduit de l’anglais par Sophie Janinet