Zao Wou-Ki, donation historique

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Zao Wou Ki : une donation historique au Musée d’Art Moderne de Paris

Je vous emmène aujourd’hui au Musée d’Art Moderne à la découverte de la nouvelle donation Zao Wou Ki.

Il faudra vous glisser dans les salles des collections permanentes du musée, récemment réaménagées, pour accéder aux deux salles consacrées à la donation Zao Wou Ki

Bien que Zao Wou Ki soit universellement connu, revenons rapidement tout de même sur l’artiste.

Zao Wou-Ki est un peintre chinois considéré comme l'un des artistes les plus importants de l'art abstrait du XXe siècle ;

Son travail est caractérisé par l'utilisation de couleurs vibrantes, de formes organiques et de larges surfaces planes.

Né à Pékin en 1920, Zao Wou-Ki a étudié la peinture traditionnelle chinoise à l'École des Beaux-Arts de Hangzhou avant de partir pour Paris en 1948, où il a été influencé par l'art abstrait occidental.

Au cours des années 1950 et 1960, son style est devenu plus abstrait et ses toiles ont commencé à incorporer des éléments de calligraphie chinoise.

Les œuvres de Zao Wou-Ki sont caractérisées par une utilisation intense de la couleur et une grande attention à la texture. Ses peintures peuvent être vues comme des paysages imaginaires ou des interprétations abstraites de la nature. Dans ses dernières œuvres, il a commencé à expérimenter avec des formes plus géométriques.

Les œuvres de Zao Wou-Ki ont été largement exposées dans le monde entier et sont présentes dans de nombreuses collections de musées. En 2018, sa toile "Juin-Octobre 1985" a été vendue aux enchères pour un montant record de 65 millions de dollars.

Je vous invite à vous reporter à la vidéo consacrée à l’artiste, intitulée  Zao Wou Kiu,un pont entre la Chine et la France sur notre chaine, qui vous fera comprendre la spécificité de cet artiste dont le cœur et l’œuvre sont un syncrétisme entre la France et la Chine

Avant de vous partager mon avis quant à cette exposition, revenons tout d’abord sur le cadre de cette exceptionnelle donation.

Au mois de décembre dernier, Françoise Marquet-Zao a fait don de neuf peintures de Zao Wou-Ki au Musée d'Art Moderne de Paris.

Cette donation couvre l'ensemble de l'œuvre de Zao Wou-Ki de 1946 à 2006, et comprend une grande variété de formats, allant d'une toile de 38 x 46 cm à un triptyque de 195 x 324 cm. Les œuvres mettent en évidence la richesse et la diversité de son travail, notamment un paysage inspiré de Paul Cézanne, un nu influencé par Matisse, une nature morte subtile, une grande toile abstraite, un hommage à son frère Wou-Wei et un dernier hommage à son ami Jean Leymarie.

Cette donation complète parfaitement les collections du musée, qui possédait déjà une grande toile de 1968 et l'Hommage à Matisse de 1986.

Le Musée d'Art Moderne de Paris possède désormais une collection inégalée de peintures de Zao Wou-Ki dans les collections publiques françaises en termes d'ampleur et de diversité.

Que retenir des œuvres exposées ?

L’Hommage à Matisse (1986), l'une des œuvres les plus importantes de Zao Wou-Ki, qui avait jusqu'alors été conservée dans l'atelier de l'artiste.

Cette peinture est une référence au tableau de Matisse Porte-fenêtre à Collioure (1914).

Cette œuvre est intéressante : alors que Zao Wou-Ki n'utilise que rarement la non-couleur noire dans sa palette, celle-ci est prédominante dans cette œuvre, encadrée par des tons bleu et rose et un gris-bleu se dirigeant vers le blanc.

La donation inclue également une grande encre de 2006, présentée lors de l'exposition Zao Wou-Ki, L'espace est silence.

Il faut savoir que c’est Henri Michaux qui avait encouragé l'artiste à revenir à l'encre et aux techniques de peinture chinoises que Zao Wou-Ki avait délaissées en optant pour l'huile dans les années 1970. Avec cette encre, l'artiste retrouve l'horizontalité caractéristique de la peinture chinoise sur rouleau.

Un paysage créé à Hangzhou en Chine en 1946 quand il était professeur et qui montre l’influence de Paul Cézanne 

Une subtile nature morte avec des citrons et deux cathédrales du début des années 1950 ; une grande toile abstraite de 1973; le triptyque Le Temple des Han de 2005 ; un dernier hommage à son ami Jean Leymarie peint en 2006.

Enfin, Françoise Marquet-Zao a également offert sept vases en porcelaine, tous uniques, dont l'un a été reproduit en édition limitée par les Amis du Musée d'Art moderne. Ces vases ont été réalisés en 2006 à la manufacture Bernardaud. En les peignant avec des pinceaux chinois, Zao Wou-Ki a exprimé son intérêt pour les techniques traditionnelles et son esprit d'invention permanent.

Cette donation exceptionnelle permet de réunir l'ensemble de la création de l'artiste sur porcelaine dans les collections des deux musées municipaux de Paris.

Mon coup de coeur

Un coup de cœur personnel pour un hommage à la mémoire de son frère Wou-Wei peint en 1979 que je trouve empreint d’une sensibilité sans pareil.

Zao Wou-Ki, qui était certainement plus proche de son frère Wu Wai que de ses autres frères et sœurs restés en Chine, décide de lui rendre visite aux États-Unis.

Cette visite a lieu alors qu'il doit faire face à la difficile épreuve de sa rupture avec sa première épouse Lan Lan, qui l'a quitté après 16 ans de mariage au début de l'année 1957. Zao séjourne plusieurs semaines dans le New Jersey où il apprécie la fraîcheur de la peinture américaine, qu'il trouve particulièrement spontanée, et profite de ses journées pour en apprendre davantage sur ce mouvement artistique.

Par l'intermédiaire de ses amis Colette et Pierre Soulages, il rencontre le célèbre galeriste Sam Kootz, qui représente alors des artistes tels que Franz Kline, Philip Guston, Adolph Gottlieb ou encore James Brooks. Cette rencontre s'avère très fructueuse, car Sam Kootz devient l'agent de Zao aux États-Unis pour les 9 années à venir, assurant ainsi une reconnaissance rare sur le sol américain pour un artiste qui reste attaché à la vieille Europe, alors que New York était incontestablement devenue la capitale des arts.

A la mémoire de mon frère Wu-Wai, achevé à une période clé de la carrière de Zao Wou-Ki, s’inscrit aussi dans une série de rares toiles de grands formats initiée dans les années 1950 qui ne portent pas seulement pour titre la date de leur achèvement mais rendent hommage à ceux qui ont inspiré et compté dans la vie de l’artiste et en mémoire desquels il a réalisé certaines de ses œuvres les plus vibrantes et touchantes : Hommage à Delacroix, 1953, Hommage à Henri Michaux, 1963, En mémoire de May, 1972, en référence à sa deuxième épouse décédée, Hommage à René Char, 1973, Hommage à André Malraux, 1976, À la mémoire de mon frère Wu-Wai, 1979, Triptyque, Hommage à Monet, 1991, Hommage à Henri Matisse, 1986, Hommage à mon ami Jean-Paul Riopelle, 2003 et Hommage à Françoise (Marquet-Zao), 2003.

Si je devais vous donner mon avis sur ces deux salles, encore une fois le musée d’art moderne de Paris ne déçoit pas.

L’accrochage permet d’appréhender les différentes phases du travail de Zao Wou ki

Cette nouvelle donation couvre l’ensemble de la production de Zao Wou-Ki, de 1946 à 2006, et comprend une grande variété de formats, d’une toile de 38 x 46 cm à un triptyque de 195 x 324 cm. 

Mais une chose beaucoup plus subtile et intéressante c’est l’accord entre cet accrochage et la démarche de l’artiste.

Les œuvres de Zao Wou ki ont un langage propre et comme tout langage, son appréhension doit avoir une certaine cohérence, ce qui est le cas ici.

Votre regard naviguera d’une œuvre à une autre en douceur, comme un langage musical.

Une respiration entre chacune des œuvres vous permettra d’appréhender la suivante, pénétrant dans un univers propre à chacun des tableaux.

Comme je le dis probablement à chaque fois, allez au musée et privilégiez si vous le pouvez des moments où vous ne serez pas perturbés par la foule.

Prenez du recul et laissez-vous porter par la magie de Zao Wou ki.

Elodie Couturier

 

 

 

 

 

 

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