Zao Wou Ki, un pont entre l'Europe et la Chine
Zao Wou-Ki : Un triomphe sur l'adversité
Tout le monde a forcément entendu parler de Zao Wou-Ki, mais le connaissez-vous vraiment ?
Il faut savoir que ses tableaux atteignent aujourd’hui des prix faramineux.
Zao Wou-Ki, est un artiste abstrait de renommée internationale, c’est indéniable.
Mais alors pourquoi ? Qu’est ce qui fait la spécificité de l’artiste par rapport à d’autres ?
Son rôle dans le cercle de l'abstraction lyrique des peintres de l'après-guerre en France représentait une jonction des traditions picturales chinoises et européennes et américaines de l'après-guerre.
Repartons donc sur son parcours pour comprendre ce mélange entre l’Europe et la Chine qui fait de cet artiste un homme et un artiste hors du commun.
Zao Wou KI, né à Pékin en 1921, en Chine, a commencé à dessiner et à peindre à l'âge de 10 ans. Son père, un banquier, encourage son intérêt pour l'art et envoie son fils étudier à l'école des beaux-arts de Hangzou, sous la direction de Lin Fengmian, un artiste alors respecté qui deviendra le pionnier de la peinture moderne en Chine. Le jeune Zao Wou-Ki y travaille comme professeur et présente ses œuvres dans l'une de ses premières expositions personnelles, fortement influencé par les représentants de la modernité européenne.
Son père achète ses œuvres.
Le pied à l’étrier est mis et la destinée de l’artiste peut naître pour marquer à tout jamais l’histoire de l’art.
1948 marque un tournant dans la vie de Zao Wou-Ki puisqu’il émigre à Paris, où il fait la connaissance de Henri Michaux, Alberto Giacometti, Joan Miró et Maria Elena Vieira da Silva.
Il faut savoir que deux ans auparavant, en 1946, les œuvres de Zao Wou Ki avaient été présentées pour la première fois en France au Musée Cernuschi grâce à l’audace du conservateur de l’époque Dadime Elisseeff, car à cet époque Zao Wou ki est totalement étranger au public parisien.
Là encore la poussière d’étoiles traçait le chemin de l’artiste : la presse de l’époque reconnaît d’emblée son talent.
Zao Wou-Ki suit des cours à la "Grande Chaumière" de Paris et apprend la lithographie. C’est d’ailleurs pourquoi ses lithographies sont d’une qualité exceptionnelle, parenthèse fermée. L Sa première exposition solo à Paris a lieu à la galerie Creuze et, d’autres suivent très rapidement dans toute l'Europe.
Influencé par Paul Klee, Za Wou-Ki s'éloigne de plus en plus de la peinture figurative et se tourne vers une synthèse entre la calligraphie orientale et l'art informel européen.
L’identité de l’artiste est née, créant un véritable pont entre ses deux cultures, l’Europe et l’Asie, qu’il a su retranscrire de manière indicible dans ses tableaux.
Les années 50 sont marquées par son voyage aux États-Unis où il découvre à New-York accompagné pour la petite histoire de Pierre Soulages.
Cette ville est une révélation pour lui, lui ouvrant de nouvelles perspectives et opportunités de nouveaux partenariats, notamment avec la galerie Samuel Kootz.
Il faudra attendre 2016 pour sa première rétrospective aux États-Unis, intitulée « No Limits : Zao Wou- Ki » (vous aurez l’explication de ce nom plus complexe qu’il n’en a l’air un peu plus tard ) , rétrospective qui s’est donc tenu à l'Asia Society de New York.
À New York, il se familiarise avec les œuvres des expressionnistes abstraits tels que Paul Klee, Franz Kline, Philip Guston et Adolph Gottlieb, et développe en réponse un style plus audacieux, peint sur de plus grandes toiles.
Les années 60 ancrent l’artiste dans notre patrie, puisqu’il reçoit la nationalité française en 1964
1965 marque la première grande rétrospective au musée Folkwang d'Essen.
Mais la Chine est toujours présente : dans les années 1970, Zao Wou-Ki s’y rend à plusieurs reprises en Chine et réalise une série de peintures à l'encre selon les traditions chinoises, selon la technique du pinceau et de la brosse auxquelles il avait été formé en Chine, avec des œuvres qui reflétaient ses sources chinoises traditionnelles, mais aussi ses racines conceptuelles occidentales dans l'abstraction.
La rencontre de Zao avec le modernisme occidental dans l'art plastique de la peinture l'a conduit à rejeter les conventions classiques de la calligraphie et de la peinture de paysage chinoises.
La boucle est bouclée : Zao Wou Ki a voyagé dans son être intérieur et a su réconcilier ou plutôt concilier les deux pôles qui étaient les siens.
Dans un entretien accordé en 1962 au magazine français Preuves, Zao explique : "Si l'influence parisienne est indéniable dans ma formation d'artiste, j'aimerais aussi dire que j'ai progressivement redécouvert la Chine. Paradoxalement, peut-être, c'est à Paris que je dois ce retour aux sources les plus profondes".
Le juste retour à ses racines est inévitable pour tout homme ou toute femme, mais ce qui est intéressant et notamment en matière artistique, c’est l’échange.
Et lorsqu’un artiste est capable de se transcender pour laisser coucher sur la toile le résultat de ce mélange qui se fait en lui, en dehors de lui, c’est là où le génie paraît.
Ce qui fait peut- être la richesse de Zao Wou-Ki est son ouverture d’esprit : donnez et vous recevrez, n’est-il pas vrai ?
Un petit clin d’œil : saviez-vous que Wou-Ki signifie "sans limites" en chinois ?
Un nom prédestiné pour un artiste qui a expérimenté la peinture à l'huile sur toile, l'encre sur papier, la lithographie, la gravure et l'aquarelle, et qui a embrassé différentes identités culturelles sans jamais s'enfermer dans un genre en particulier.
Tout au long de sa vie, Zao a entretenu un large cercle d'amis artistes comme lui, et de personnes culturellement influentes.
Il a notamment développé des relations très étroites avec Jean-Paul Riopelle, Alberto Giacometti, Joan Mìro, Joan Mitchell et Sam Francis.
Une amitié très importante est à noter entre l’artiste et Henri Michaux : Zao Wou-Ki a travaillé en tant qu'illustrateur avec Henri Michaux, le peintre et poète français. En réponse aux premières lithographies de Zao, Michaux a spontanément écrit huit poèmes pour accompagner ses œuvres, avant même de le rencontrer.
Le résultat, « Lecture par Henri Michaux de huit lithographies de Zao Wou-Ki (1950) », fut le début d'une collaboration et d'une amitié qui allait durer toute une vie.
Mais revenons au travail de Zao Wou Ki qui en fait un artiste à part.
D’ailleurs Jacques Chirac, président de la République de 1995 à 2007, aujourd’hui disparu, ne s’était pas trompé .
Passionné d'art asiatique, Chirac a développé une admiration pour le travail de Zao Wou ki et a écrit la préface du catalogue de la première grande rétrospective de Zao en Chine qui s’est tenue à Shanghai en 1998.
En 2006, Chirac a décoré Zao de la Légion d'honneur, la plus haute reconnaissance française.
L'œuvre de Zao Wou Ki incarne parfaitement la beauté de la simplicité qui caractérise la peinture à l'encre de Chine dans ses couleurs et sa disposition spatiale, et présente un travail au pinceau énergique qui pulse le long de la toile et transmet la sensibilité de l'artiste liée à cette forme d'art orientale
Zao Wou Ki avait également déclaré dans son autobiographie qu'il était un grand admirateur de Rembrandt et qu'il était fortement inspiré par la technique "mouillé sur mouillé" du maître occidental. En réexaminant les subtilités de l'encre chinoise, Zao Wou-Ki s'est demandé comment ces pratiques pouvaient se mêler à la modalité expressive de la peinture abstraite
On peut trouver un parallèle de cette transcendance que j’évoquais tout à l’heure, avec l’artiste Joseph Turner : Dans les dernières œuvres de Turner, le peintre romantique anglais se concentre de plus en plus sur les qualités atmosphériques du ciel, de la mer, du vent et de la brume, ou sur les rayons lumineux d'une flamme, et réduit progressivement sa représentation des objets physiques et de leurs détails. ouvrant la voie à la théorie impressionniste.
Les artistes chinois d'outre-mer du XXe siècle, dont Zao Wou-Ki, Chu Teh-Chun et T'ang Haywen (Zeng Haiwen), ont tous été influencés par Turner.
Le traitement unique et captivant de la lumière et de l'atmosphère par Zao, qui a débuté dans les années 1950 et s'est poursuivi jusqu'à sa phase plus énergique dans les années 1960, est particulièrement envoûtant. Plus tard, dans les années 1970, les œuvres de Zao révèlent une manifestation accrue des théories taoïstes de la nature et des qualités spirituelles de l'eau et de l'air, ce qui témoigne de l'importance accordée par l'artiste à ses études durant cette phase de sa carrière.
La réussite de Zao Wou-Ki réside dans le fait que, en tant que Chinois élevé dans l'art oriental, il a pu puiser dans ses propres fondements culturels.
Il a su créer un doux mélange de ses racines mêlées au modernisme occidental. Zao Wou Ki a su allier de façon transparente les paysages de style chinois, les peintures au lavis d'encre, ainsi que l'approche xieyi, qui signifie en chinois « transcrire l’idée » ou « écrire le sens » d’une part , et l’ audace du modernisme qu’il a puiser en Europe.
Dans le même temps, Zao Wou Ki a également été célébré par les Chinois comme un "orientaliste" par l'approche et de l'interprétation artistiques de l'abstraction occidentale, un artiste qui réunit les esprits des deux mondes. Une telle prouesse artistique, à cheval sur l'ancien et le moderne, l'Orient et l'Occident, ne peut que susciter notre plus grande admiration.
Mais revenons à la valeur des œuvres de Zao Wou ki en vente aux enchères publiques ?
La demande pour les œuvres de Zao a été forte dès les années 60 à Paris, Londres et New York, et a envahi les marchés asiatiques dans les années 70 et 80.
Mais revenons à quelques chiffres
Les deux derniers résultats pour des tableaux de format sensiblement similaires et de périodes proches, datés respectivement de 1969 et 1970, se sont située entre 400.000 et 550.000 euros.
Mais les résultats s’approchent de plus en plus souvent des enchères millionnaires, dépassant même dans les records récents les 3 millions d’euros.
Les prix peuvent donc varier, selon la période de l’artiste et les format ; il est certain que les grands formats, plus rares sur le marché attirent davantage la boîte à records, tant convoitée par les maisons de vente aux enchères.
Plus modestement, penchons-nous sur les papiers de l’artiste pour lesquels les résultats oscillent dans une moyenne de 40.000 à 80.000 euros
Ce que l’on trouver plus facilement sur le marché de l’art sont les estampes, d’une qualité d’ailleurs exceptionnelle, accessibles entre 1.500 et 4.000 euros.
Si vous possédez une œuvre de Zao Wou Ki, nous restons à votre disposition pour vous communiquer gratuitement une estimation en vue de vente aux enchères.
N’hésitez pas à nous contacter, à bientôt sur expertisez.com pour les estimations gratuites en ligne et sur encherissez.com pour suivre nos ventes aux enchères.