L'affaire Wildenstein

 

Le quotidien Le Figaro aurait pu publier son article dans sa rubrique « Fait Divers » ou « Art », mais c’est directement dans la section « Economie » qu’il a placé la dernière révélation en date sur « l’affaire Wildenstein » sous ce titre : « Fraude fiscale: un milliard d’euros en tableaux caché aux Bahamas ». Effectivement, le montant est assez élevé et constituerait un record de fraude fiscale (en cas de condamnation des protagonistes qui sont pour le moment présumés innocents). C’est le mensuel Challenges qui a révélé cette affaire : le fisc français aurait ainsi trouvé des toiles de maîtres en grand nombre aux Bahamas. L’administration cherche depuis janvier 2013 à retrouver l’héritage de Daniel Wildenstein dont une grande part aurait (selon les accusations) été dissimulé.

La famille Wildenstein est depuis le début du XXème siècle spécialisée dans le commerce d’œuvres d’art. Après le décès de Daniel Wildenstein en 2001, son héritage avait été estimé à 44M€ (entraînant 17 M€ de droits de succession à régler pour la famille). Mais ses fils (célèbres hommes d’affaires franco-américains) sont suspectés d’avoir fait disparaître l’essentiel de la fortune, notamment à travers des toiles de maîtres. Le fisc français avait déjà réévalué à 550 millions d’euros le montant des impôts à payer pour cet héritage (somme constituée pour moitié d’amendes et d’intérêts), après avoir annoncé avoir découvert des chevaux de course, des tableaux de Bonnard, Courbet ou Picasso, un îlot aux îles Vierges mais aussi un ranch de 30 000 hectares au Kenya où a été tourné le film Out of Africa… qui n’auraient ainsi pas été déclarés : « 472 millions de biens dissimulés dans des trusts enregistrés dans l’île anglo-normande de Guernesey et aux Bahamas », assure le magazine Challenges. Et c’était donc AVANT les révélations de ce même magazine : « Au moment du redressement, l’administration ne connaissait pas exactement le contenu du Delta Trust ni sa valeur totale, qui est, en fait, estimée à 1,1 milliard de dollars lors du décès de Daniel ! Ce n’est qu’en décembre 2014 que le juge Daïeff a obtenu de nouvelles informations de RBCTC, une filiale de la Royal Bank of Canada, basée aux Bahamas. Gérante du trust depuis 2004, la société a aussi été renvoyée en correctionnelle. Dans une déclaration rectificative à l’IRS, le fisc américain, elle explique que le trust hébergeait notamment des tableaux valorisés 250 millions et considérés comme ayant été détenus sur le sol américain, même si la plupart ont été expédiés en Suisse juste avant la mort de Daniel. »
Par delà le redressement judiciaire, l’affaire a été renvoyée au tribunal correctionnel pour un procès qui devrait se tenir dans le courant de l’année 2016.
Wildenstein expertisez