Qui était Marcel Leprin ?
Marcel Leprin est né à Cannes en 1891 mais a surtout vécu à Marseille, très vite livré à lui-même, mi-aventurier mi-bohème. Il a une trentaine d’années quand il commence à peindre sur le vieux port. Après la guerre, il rejoint Paris et erre sur la Butte depuis plusieurs jours, sans espoir ni argent, quand Achille Depoilly, serrurier rue Chevalier-de-la-Barre, le remarque sur un banc de la place du Tertre, affamé et engourdi par le froid, un samedi soir neigeux… Il l’invite à le suivre et à se réfugier chez La Mère Catherine, où il se rend avec sa femme et des amis. Un bol de bouillon gras, un bœuf gros sel et une bouteille de vin rouge réconfortent le méridional qui se confie » Je suis peintre. Ayant entendu parler de Montmartre par un compatriote, le sculpteur Verdilhan, dont le frère, Mathieu, peintre également et mort avant la guerre avait vécu ici, j’ai eu envie de travailler sur la Butte. Mais la malchance m’a terrassé. Je n’ai plus rien « . André Utter dînait ce soir-là avec ses amis. Il écoute l’inconnu et fait aussitôt circuler un chapeau pour recueillir les oboles, trouve un hôtel à l’infortuné et le lendemain lui apporte de la toile et des couleurs… Jean Vertex, qui relate les faits dit précisément : » A la table voisine, une douzaine d’artistes réunis autour d’Utter écoutaient la confession « . Il avance l’idée des apôtres réunis au temple de Mère Catherine ! Il est vrai qu’André Utter, châtelain de Saint-Bernard reçoit tout Montmartre le soir rue Cortot…
Reverdy le sait, il vit en dessous de chez lui. Il est excédé par le tapage nocturne et par les perpétuelles vexations qu’il subit le jour. N’y tenant plus, un soir de mars à 22 heures, il tirera deux coups de revolver dans la fenêtre de l’atelier de Utter en lui criant » Bientôt ce ne sera plus dans la fenêtre mais sur vous que je viserai, à la tête ! « . Convoqué au commissariat, Pierre Reverdy, 35 ans, correcteur d’imprimerie, niera les menaces. A l’écart des revolvers et des projecteurs, sans témoins, Alphonse Quizet aidera bien plus le Marseillais. Marcel Leprin était un » pur » ; l’argent n’est que » Vil métal » à ses yeux. Il refusait l’idée d’en posséder ainsi que tout autre travail pour en gagner… A la même époque, au théâtre de l’Œuvre, André Breton provoquait la salle de son annonce grinçante : » Honneur, honneur à l’argent ; l’homme qui a de l’argent est un homme honorable. »
Tableau de Marcel Leprin vendu sur Expertisez : Marcel Leprin, jeune femme, dessin au crayon et gouache
Estimation, expertise et vente de tableaux et dessins de Marcel Leprin