Tapies aux abattoirs
L'artiste catalan Tapies au musée des Abattoirs de Toulouse
Le musée des Abattoirs de Toulouse accueille jusqu'au 25 mai «Parla, parla», une exposition qui rassemble 50 œuvres du maître catalan Antoni Tàpies.
Sur ce tableau réalisé en 1970, intitulé Terra sobre tele, Antoni Tàpies (1923-2012) a figé un amas de la terre craquelée et épaisse. On se croirait sur Mars.
Sur cette autre toile réalisée en 1992, Tovallons Plegas, Tàpies propose un portrait de famille à travers des serviettes pliées, chapeautées d'initiales :To, pour Antoni (lui) C pour Clara (sa fille) M pour Miguel (son fils),T pour Teresa (sa femme) et A pour Antoni (son fils).
Enfin sur cette toile de 1971, Pantalon sobre bastidor, suspendue à l'envers, Tàpies a posé son propre habit élimé et maculé de peinture. L'artiste était-il en train de rendre son tablier ?
Ce ne sont là que trois des cinquante œuvres de l'artiste catalan à découvrir en ce moment au musée des Abattoirs de Toulouse dans le cadre de l'exposition Parla, Parla. S'y ajoutent des dessins intimistes réalisés à la plume pour la série Historia Natural (1951) inspirée de Goya, des autoportraits, des tableaux bruts, grand format, où sont superposés, là une marmite, là un débardeur, là des couvertures… On peut y voir également des sculptures d'objets du quotidien : un matelas de bronze roulé portant l'inscription 1+3, un fauteuil marqué d'une flèche, une chaise porte-serviettes… Sans oublier Parla-Parla (1992) œuvre maîtresse de l'artiste, qui a donné donc son nom à l'exposition.
Né en 1923, à Barcelone – c'est un contemporain de Soulages – Tàpiès s'impose comme le grand peintre espagnol de l'après-guerre.
Sa jeunesse, marquée par la maladie et la guerre civile, fera de lui un homme aux œuvres politiquement engagées, revendiquant l'indépendance et la libération.Très influencé par l'art chinois et les philosophies orientales, ses toiles versent aussi dans le zen.
Paradoxes
Tàpies, qui signifie «mur» en catalan, a souvent utilisé l'empreinte de ses mains comme un clin d'œil récurrent à l'art pariétal. Artiste d'encre, de résine, de vernis, de paille, de bouts de ficelle, de fils de fer, de poussière, de sable, de terre, de journaux…, le maître espagnol est à l'origine d'un travail prolifique, riche de paradoxes.
L'enfant de Barcelone s'est éteint, chez lui, en 2012, à 88 ans, laissant derrière lui un héritage monumental. Pour la première fois, six décennies de son œuvre sont à découvrir aux Abattoirs de Toulouse. Une aubaine.
Parla-Parla, jusqu'au 25 mai au musée des Abattoirs, de Toulouse. Ouvert du mercredi au dimanche de 12h à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 20h. Tel. 05.62.48.58.00.
«C'est un artiste qui n'a jamais disparu, il a eu beaucoup de succès. Aux Abattoirs, on a voulu mettre en avant le côté théâtral de ses œuvres.»
Olivier Michellon, directeur du Musée des Abattoirs.
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Antoni Tapies, composition, gouache et encre
Retrouvez notre article sur Expertisez Magazine, Antoni Tapies, peintre engagé
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